13: Figeac à Cajarc

Entre Lot et Célé, sur les chemins célébrés par l’UNESCO

 

DIDIER HEUMANN, MILENA DALLA PIAZZA, ANDREAS PAPASAVVAS

 

Nous avons divisé l’itinéraire en plusieurs sections, pour faciliter la visibilité. Pour chaque tronçon, les cartes donnent l’itinéraire, les pentes trouvées sur l’itinéraire et l’état du GR65. Les itinéraires ont été conçus sur la plateforme “Wikilocs”. Aujourd’hui, il n’est plus nécessaire d’avoir des cartes détaillées dans votre poche ou votre sac. Si vous avez un téléphone mobile ou une tablette, vous pouvez facilement suivre l’itinéraire en direct.

Pour ce parcours, voici le lien:

https://fr.wikiloc.com/itineraires-randonnee/de-Cajarceac-a-cajarc-par-le-gr65-30115420

Ce n’est évidemment pas le cas pour tous les pèlerins d’être à l’aise avec la lecture des GPS et des cheminements sur un portable, et il y a encore en France de nombreux endroits sans connexion Internet. De ce fait, vous pouvez trouver sur Amazon un livre qui traite de ce parcours. Cliquez sur le titre du livre pour ouvrir Amazon.

Le Chemin de Compostelle en France. Via Podiensis: Du Puy-en-Velay à Cahors

Si vous ne voulez que consulter les logements de l’étape, allez directement au bas de la page.

-Eh bien, bonjour, le Schmilblick est aujourd’hui à Cajarc. Je rappelle brièvement que le Schmilblick est rond, qu’il contient du jaune, qu’il tient dans la main, qu’on peut le faire cuire de différentes façons et qu’un navigateur le faisait tenir debout. A vous Cajarc, à vous Simone ! Premier candidat, Monsieur Moulinot, marchand d’articles de pêche sur la place du Marché à Cajarc:
– Oui, alors est-ce que le Schmilblick est-t-il vert ?
– Non, Monsieur. A quoi pensiez-vous ?
– A un ver de terre de chez Moulinot ! Le grand humoriste Coluche a immortalisé Cajarc, où il venait souvent passer ses vacances. Les Moulinot sont encore légion ici. Le village se rappelle aussi du célèbre Papi Mougeot du sketch, qui ne posait des questions que pour faire avancer les gains du Schmilblick.

Nous sommes dans des causses, une terre aride sur les plateaux, et plus verte dans les canyons. Les causses les plus importants dans la région sont le causse de Gramat, près de Rocamadour, et le causse de Limogne, sur lequel se déroule une bonne partie de l’étape. Ces deux causses appartiennent au Parc régional des Causses du Quercy. Nous sommes dans le département du Lot et le parcours part en direction sud-ouest. Qu’est-ce qu’un causse ? Ce mot vient de l’occitan Cauce, qui veut dire chaux, donc calcaire. Contrairement à ce que l’on croit généralement, son origine est plus culturelle que géologique. Elle a donc un sens paysan, représentant les plateaux érodés et les versants supérieurs des vallons creusés par les rivières du Massif Central, où on s’adonne surtout à l’élevage, avec un peu de cultures céréalières, dont le triticale, l’orge, l’avoine et un peu de blé. Les géologues attribuent à cette région le dénominatif de relief karstique. Un karst, c’est en fait un massif calcaire le plus souvent, fracturé, fissuré, dans lequel l’eau circule en dessous. Disons quelques mots sur le karst. Ce mot, qui peut apparaître barbare, provient d’une région de Slovénie connue pour la diversité de ces formations géologiques calcaires. En France, on appelle karst un causse. Dans les reliefs karstiques, l’eau, plutôt de couler en surface comme dans de nombreuses régions, s’infiltre dans le sous-sol. L’eau va ronger progressivement les roches. Il en résulte un réseau complexe de cavités, de grottes et de rivières souterraines. Le gouffre de Padirac, près de Rocamadour, en est l’exemple le plus célèbre. Le parcours de Figeac à Cajarc ne nous permettra pas, hélas, de contempler ces merveilleuses grottes offertes par la nature. Il faudra se contenter de cheminer sur des hauts plateaux arides, avec parfois de très légers canyons.

Lorsque, peu après Figeac, le pèlerin arrive à Béduer, il a devant lui un choix particulier, soit continuer sur le GR65, le chemin du pèlerinage, soit emprunter le GR651, la variante de la vallée du Célé. Aujourd’hui, nous suivrons le GR65. Jusqu’à Béduer, le GR65 et le GR651 se confondent. La variante par la vallée du Célé sera traitée dans un autre chapitre. Le parcours est entre le Célé et le Lot, sur le causse de Limogne, Nous entrons jusqu’à Cahors dans une immense forêt de chênes. Ce ne sont pas les élégants chênes lièges. Ce sont des chênes communs, le plus souvent rabougris et maigres, que l’on baptise aussi chênes pubescents. Mais leur ombre est généreuse pour le pèlerin qui chemine. Parfois,l’agriculture et l’élevage s’expriment sur le haut du causse, lorsque la forêt se fait moins pressante.

Jadis, le GR65 montait au-dessus de Figeac pour passer à L’Aiguille du Cingle, où se trouve un bel obélisque, près d’une zone industrielle. Puis, une petite route transitait dans la campagne pour gagner La Cassagnole. Depuis, l’itinéraire a été modifié, pour éviter le passage par la zone industrielle. Le GR65 emprunte un autre parcours pour arriver à la Cassagnole.

Difficulté du parcours :  Les dénivelés aujourd’hui (+595 mètres/-618 mètres) sont prononcés, mais l’étape est longue. On monte autant qu’on descend. Pourtant, si ce n’est à la sortie de Figeac où la pente est très soutenue et la descente sur Cajarc, l’étape du jour ne pose guère de gosses difficultés. Sur le causse, l’altitude varie de 300 mètres à 400 mètres.

Aujourd’hui, vous voyagerez plus souvent sur le goudron que sur la terre battue. Heureusement, la plus belle partie, sur le causse, est avant tout sur de magnifiques chemins en sous-bois :

  • Goudron : 17.9 km
  • Chemins : 13.1 km

Parfois, pour des raisons de logistique ou de possibilités de logement, ces étapes mélangent des parcours opérés des jours différents, ayant passé plusieurs fois sur la Via Podiensis. Dès lors, les ciels, la pluie, ou les saisons peuvent varier. Mais, généralement ce n’est pas le cas, et en fait cela ne change rien à la description du parcours.

Il est très difficile de spécifier avec certitude les pentes des itinéraires, quel que soit le système que vous utilisez.

Pour les vrais dénivelés, relisez la notice sur le kilométrage sur la page d’accueil.

Voici un exemple de ce que vous trouverez. Il suffit de prendre en compte la couleur pour comprendre ce qu’elle signifie. Les couleurs claires (bleu et vert) indiquent des pentes modestes de moins de 10%. Les couleurs vives (rouge et brun foncé) présentent des pentes abruptes, le brun dépassant 15%. Les pentes les plus sévères, supérieures à 20-25%, très rarement plus, sont marquées de noir.

Section 1 : Il faut remonter sur le haut plateau.

 

Aperçu général des difficultés du parcours : la montée est souvent pénible, parfois à nettement plus de 15%. Une fois arrivé sur le plateau, il n’y a plus de difficulté.

Il fait très beau aujourd’hui dans le département du Lot. Nous sommes au début de l’été. Le Célé, calme et bleu coule tranquille. Le GR65 suit un peu la rivière depuis le pont sur la rivière.

Il traverse le fleuve, puis longe un parking.
Une petite route passe sous la voie de chemin de fer, et s’en va à plat le long de la voie de chemin de fer.
La route longe assez longtemps les rails jusqu’à trouver une petite route qui bifurque vers la gauche.
Les vacances sont terminées. Il vous faudra affronter une assez terrible bosse. La montée n’attend pas, direction la Combe de Malaret.

Dans la combe, le jour se lève sur les prés et le bétail.

Le GR65 continue son ascension rude sur la route désossée. Ici poussent des chênes en abondance, comme dans tous les causses, mais aussi des érables et de beaux charmes, qui sont pour une fois plus élevés que la charmille buissonnière habituelle.

Plus haut, le GR65 quitte la route pour un chemin qui continue dans le sous-bois. Vous aurez le sentiment que la montée est terminée, car le chemin semble partir à plat. Détrompez-vous, la grimpette va bientôt continuer à 20% de pente.
Dans le sous-bois, le chemin caillouteux retrouve les caractéristiques coutumières des causses avec ses murets de pierre où souvent rampe la mousse.
Encore plus haut, le chemin sort du bois pour trouver une petite route qui passe au-dessus de la grande départementale D802.
La route monte encore, mais en pente beaucoup plus raisonnable vers Balajou, passe devant une ferme dissimulée sous les tilleuls.
Balajou n’est pas un véritable hameau. Ce ne sont que quelques fermes isolées qui se perdent dans la campagne ouverte, avec ci et là un chêne ou un frêne qui hantent le paysage.
Puis le GR65 rejoint la petite route qui sort de Malaret vers Faycelles. C’est ici, sous les chênes et le long des haies compactes, que la nouvelle variante du chemin rejoint l’ancien tracé du GR.
Après une dure montée, il est temps de recharger ses batteries. La route s’en va en dodelinant pendant quelques centaines de mètres dans les prairies.
Puis elle descend en pente soutenue vers le carrefour de La Cassagnole.

Section 2 : Le GR65 passe par le petit bijou de village de Faycelles.

 

Aperçu général des difficultés du parcours : parcours sans aucune difficulté.

A la bifurcation de La Cassagnole, le parcours va traverser une contrée tranquille et paysanne. C’est une sorte de haut plateau, un horizon de prairies vertes percées ici et là par un frêne solitaire ou le plus souvent par de grands chênes qui apportent leur lot de fraîcheur et d’ombre. Les montées succèdent aux descentes sur des routes asphaltées. Les routes sont si longues que l’on peut parfois deviner à l’horizon les pèlerins qui avancent, le plus souvent en groupes.

La route monte alors en pente douce vers le sommet d’une colline pour musarder dans les prairies. Parfois un véhicule passe, la route étant l’axe principal de Faycelles vers Figeac.

Nous n’avons à vrai dire pas encore atteint le causse. Nous naviguons dans les contreforts, dans un pays de douces collines piquetées ici et là de bosquets, de rares champs cultivés, de vastes prairies, avec parfois une maison isolée qui se perd dans la vaste nature.

Depuis le sommet de la colline, la route se traîne dans la campagne, avec parfois une vielle “caselle” de pierre qui achève ses vieux jours au coin du bois.

Plus loin, une maison de pierre en ruine, avec ses bois calcinés.

Privé, vous croyez rêver! Que pourrait-on y faire dans ce tas de gravats ? Pique-niquer peut-être ou voler quelques pierres.

Nous sommes au début de l’été. Si le blé tendre pousse encore dans les champs, ou encore le triticale ou l’avoine, le blé d’hiver a déjà été récolté et les prairies ont déjà été fauchées.

Puis la pente s’accentue à nouveau, et la route descend sous les grands chênes au lieudit La Montagnette et son grand parc.

Puis la route musarde à nouveau pour atteindre les premières maisons de Ferrières.

Ferrières n’est pas un village compact, mais une collection de demeures de pierre dispersées sous les chênes, les frênes, les noyers, et parfois même des pins.

Les “caselles”, ces maisonnettes de pierre occupées autrefois par les bergers, on les a déjà rencontrées dans le pays. Ici ce sont des“caselles” modernisées qui sont comme des pigeonniers qui agrémentent le lieu.

Peu après, la route quitte alors Ferrières pour gagner La Croix Blanche, un autre hameau voisin de Faycelles.

Ici une belle maison avec sa rutilante “caselle” , où on peut loger, se cache sous les grands arbres.

Faycelles est à deux pas de la Croix Blanche. Le GR65 traverse la route principale qui évite le village et se dirige le long des murs de pierre vers le bas du village.

A Faycelles (600 habitants), la beauté est au rendez-vous. Des escaliers conduisent au centre du lieu. Perché sur une petite colline, le bourg jouit d’une situation imprenable. Le petit bourg à l’atmosphère médiévale s’étire dans un site pittoresque, avec ses belles maisons de pierre apparente, le plus souvent fleuries, ses ruelles étroites. Dans le village, on trouve à se loger, se restaurer et à compéter son pique-nique.

Une grande place occupe le centre du village, où on trouve aussi l’église. L’église est de construction récente, bâtie avec des matériaux de l’ancienne église.

La petite tour ronde de guet surplombant la vallée, la tour Gaillarde est tout ce qui reste d’un château qui se dressait autrefois dans le centre du village jusqu’à sa destruction par Richelieu au XVIIème siècle.

D’ici la vue sur la vallée du Lot en dessous est à perte de vue. L’œil ne découvre que des milliers d’arbres à l’horizon, des forêts immenses et denses qui s’avancent et se perdent à l’intérieur du pays, la vallée encaissée où coule paisiblement le Lot, des hauts plateaux qui se succèdent sans se distinguer, s’effaçant les uns les autres.

Jadis, le parcours quittait le village pour se diriger par la route départementale vers Béduer. Rien de tout cela aujourd’hui, le GR65 emprunte un autre axe. Les chemins de Compostelle ne sont jamais éternels comme le pensent de nombreux pèlerins.

Maintenant, le GR65 descend la Rue du Tonnelier et quitte rapidement le village.

Un petit chemin descend en se faufilant entre les herbes folles et les murets de pierre sous l’épaisse frondaison des feuillus.

Le chemin passe devant une grande caverne taillée dans le calcaire brut, qui servira peut-être de refuge nocturne aux pèlerins désargentés ou friands de camping sauvage. Ils sont assez nombreux sur le chemin, surtout des jeunes.

Plus loin, au bas de la descente, le chemin dodeline, parfois sur de gros cailloux, parfois sur un sol plus tendre pour la plante des pieds, le long des rochers couverts de mousse, dans l’épaisseur des feuillus où la lumière ne pénètre guère.

Il passe près d’un lieudit La Source, peut-être aussi tarie, qui sait ? Mais le cadre est si beau dans la nature sauvage.

Section 3 : Ondulations dans la campagne.

 

Aperçu général des difficultés du parcours : parcours sans aucune difficulté.

Le chemin sort alors du bois pour remonter vers les premières maisons de La Graville Basse, un hameau dispersé dans la campagne.

Il continue le long des haies, avec de temps à autre un maigre champ de céréales, du blé ou d’avoine.

Puis le chemin gagne la route près d’une belle maison de pierre qui joue les grands seigneurs sous les augustes frênes.

Nous sommes maintenant partis pour une bonne partie de manivelle sur le goudron, mais la nature est si enchanteresse tout autour que peut-être vous ne verrez pas le temps passer.

Le pays est large, tout fait de vastes prairies, avec de rares maisons de pierre au bord de la route qui viennent parfois couper la monotonie et l’ennui qui peut se développer chez certains pèlerins.

Et la route défile dans ce paysage uniforme, parfois découpé d’un petit îlot de chênes ou d’arbres isolés.

Ici un troupeau d’Aubrac. Les vaches sont si tendres, si belles avec leurs yeux maquillés. Dira-t-on de même du taureau qui nous lorgne d’un œil noir ? Ne vient-on pas ici pour lui voler ses belles ?

La route passe bientôt au lieudit La Vaysse, près d’un minuscule lac.

Peu après, la nouvelle version du GR65 rejoint l’ancien trajet du GR. Depuis là, il n’y a plus eu de transformation du tracé.

Un petit chemin très étroit s’en va alors dans les fourrés et les broussailles. Par mauvais temps, ce sentier peut être passablement embourbé.

A la sortie du chemin, un petit tronçon d’asphalte mène au Mas de la Croix.

C’est là où le GR65 et le GR651 (qui passe par la vallée du Célé) se séparent. On peut se loger au Mas de la Croix. On peut se restaurer et loger à Béduer aussi, même si c’est 300 mètres en dehors du chemin, sur le GR651.

Depuis ici, aujourd’hui, nous suivrons le GR65 vers Cajarc. La variante par la vallée du Célé sera traitée dans un autre chapitre.

Le GR65 évite Béduer, s’engage non loin du château sur une petite route.

Section 4 : Le GR65 se rapproche progressivement du causse.

 

Aperçu général des difficultés du parcours : quelques bosses sans grande importance.

 

Près d’une croix en fer, le GR65 laisse la route pour un sentier étroit et caillouteux vers le lieu-dit Pech Rougié. Cette fois, pour sûr, nous avons gagné le causse. Si vous avez déjà goûté aux chemins dans les causses, vous ne serez guère surpris. Vos pieds s’en rappellent. Pour les autres, l’apprentissage ne fait que commencer.

 

Le calcaire, ce n’est pas ce qui manque ici. Alors les pèlerins aiment à fabriquer des cairns, rajoutant parfois une pierre.

Dans la végétation exubérante et rampante, les broussailles et les rejets de chênes pubescents, le chemin arrive au sommet de la bosse, à Pech Rougié, où se dressent un gîte et une petite buvette.

De Pech Rougié, le GR65 s’engage résolument dans les sous-bois de chênes, passe devant une ruine. Nous vous l’avouons, nous avons un petit faible pour ces ruines majestueuses, recouvertes de mousse qui témoignent toutes d’un passé laborieux, disparu à jamais. Le temps passe et tout reste figé. Seul le souvenir reste.

Dans ces forêts, il n’y a pas que des chênes, bien qu’ils soient en très grande majorité. On voit aussi poindre quelques petits érables champêtres et un arbre que nous n’avons rencontré que dans les causses. Il s’agit de l’érable de Montpellier, dont les feuilles ne possèdent que trois lobes en forme de triangle. Sur le chemin, encore une de ces magnifiques ruines en pierre, dont on ne saurait se lasser.

Plus bas, le chemin passe près de la pittoresque fontaine de Fontieu, qui paraît sortie du Moyen-âge.

Mais parfois, quand il sort du bois, le chemin se révolte, laisse ses cailloux qui font mal aux godasses pour l’herbe reposante. Il y a un peu d’eau ici. Alors le paysage se fait plus doux, s’apaise pour un coin agreste peuplé de quelques moutons et de vaches broutant sous les vernes. Mais la tendresse du gazon et l’horizontalité du chemin ne s’éternisent jamais sur le Chemin de Compostelle. Alors revoici la pente quand le chemin retrouve une petite route pour gagner Surgues le Haut.

La route monte vers un petit hameau, non en fait quelques maisons de pierre au bord de la route, dont il est difficile de deviner si la vie est encore présente ici.

Ici nous sommes encore à 17 kilomètres de Cajarc, presque à mi-parcours. Certains pèlerins feront halte plus loi, à Puy Clavel ou à Gréalou pour couper la poire en deux. Et la route monte encore, mais en pente douce.

Au bord de la route, une “caselle” dans ses habits gris se dresse silencieuse. Les “caselles” sont toujours aussi mystérieuses et fantomatiques, dans les champs ou au bord de la route.

Plus haut, toujours en légère montée, le GR65 se dirige vers Combe de Salgues. Le goudron cède alors sa place aux gravillons le long des murets de pierre.

Combe de Salgues, ce n’est qu’une grande ferme au bord de la forêt. C’est ici que le parcours va quitter la civilisation pour un moment qui dure.

Alors, encore un peu de civilisation ou de ce qu’il en reste avant de regagner les bois, les lieux que le pèlerin affectionne par-dessus tout. La solitude, rien que la solitude des arbres.

Un chemin étroit, souvent très caillouteux, comme on aime à les trouver dans les causses, monte alors en pente plus sévère dans la forêt. Nul n’est l’objet de faire l’inventaire des plantes que l’on trouve sur le chemin. Ce serait trop long et nous ne sommes pas des spécialistes de la flore. Mais, s’il n’y a guère de buis et de genévrier, les cornouillers, les prunelliers sauvages, qui essaiment partout, les viornes, les cistes et les ronces sont très présents par ici.

On peut encore se demander à quoi servaient ces innombrables murets le long des chemins. Jadis, on devait les utiliser pour parquer les moutons, qui ont aujourd’hui grandement disparu de ces sous-bois compacts.

Et par-dessus vos têtes, les feuillus vous apportent leur part d’ombre. Ce ne sont pas de grands arbres, seulement de chétifs chênes pubescents, de minuscules érables champêtres et des érables de Montpellier.

Au sommet de la montée, une grande clairière, où on a coupé les arbres. Sont-ce des grillages pour y parquer les moutons, dans une région éloignée du monde ?

Le chemin se met alors à onduler à nouveau dans les sous-bois avant de trouver une petite route goudronnée.

Section 5 : La balade se poursuit sur le causse.

 

Aperçu général des difficultés du parcours : parcours sans aucune difficulté, sur de magnifiques chemins.

Les hameaux sont comme peau de chagrin, et on rencontre le plus souvent des maisons de pierre d’où la vie a disparu. La nature est vivante, se renouvelle en permanence, puisant son énergie dans ses propres réserves. Les demeures des hommes se transforment vite en ruines lorsqu’elles perdent l’usage. La ruine est hélas la vocation de l’architecture des hommes. Verra-t-on un jour les causses comme un archipel de hameaux abandonnés entourés de friches, de forêts et de maquis évoluant selon leur énergie propre ? Il est vrai que les chênes vivent sans rien demander à l’homme. Peut-être faudrait-il creuser les raisons pour lesquelles les 22.5 km du Chemin de Compostelle de Faycelles à Cajarc ont été inscrits au Patrimoine mondial des tronçons recensés par L’Unesco ? Le retour du bon sauvage de Rousseau en quelque sorte, non? Toutefois, le voyage à travers les chênes demeure une expérience exceptionnelle.

Près du lieu-dit Font Vieille, le GR65 quitte un instant le sous-bois pour le goudron, sur quelques centaines de mètres.

Puis il retourne sur la terre battue, parfois sa raison d’être. Et pendant près de deux kilomètres, il se balade dans le même décor. Des arbres, et des arbres encore. Inlassablement et toujours. Jusqu’à la nausée pour certains, jusqu’à la plénitude pour d’autres. C’est selon.

Puis confusément dans cette nature sauvage et inviolée, on pressent que quelque chose va changer. On voit apparaître une clairière, avec une activité des hommes, des prés fauchés.

Et au fait, le scénario va changer. Le chemin, un peu plus caillouteux, monte à plus de 10% dans la lande quasi rase. Il y a même des genévriers et du houx par ici.

Plus haut, on a même le sentiment d’atteindre une forteresse avec un grand mur au-dessus du chemin.

La fin de la montée annonce bientôt un embryon de présence humaine. Le GR65 aboutit sur le goudron au hameau de Puy Clavel, mais ce n’est pas la foule des grands jours. Les pierres des murs cachent leurs secrets.

Et pourtant, un écologiste a construit ici un petit bijou de gîte sur le haut de la colline. Il faut voir avec quelle nonchalance et bonheur les pèlerins qui s’arrêtent ici se laissent glisser sur leurs chaises-longues pour admirer le paysage.

Depuis Puy Clavel, le GR65 ondule encore légèrement, le plus souvent en montée, parfois en sous-bois, le plus souvent en campagne sur un chemin herbeux. Toujours les mêmes arbres, avec en plus des frênes, comme on trouve souvent dans les espaces plus ouverts. Les arbres ont aussi grandi de taille, puisqu’ils ont plus d’espace pour souffler.

Plus loin, le chemin se remet à monter à la limite des sous-bois. Il y a un peu d’eau par ici. Dans les causses, l’eau est si rare ici qu’il est bon de la signaler, même si elle n’est pas forcément potable. Il n’y a ni rivière ni ruisseau de ce nom qui traverse les causses. La pire pauvreté est le manque d’eau. Sans eau, il n’y a pas de développement durable. Dans les causses, la densité de la population est dérisoire. Ceci explique cela.

Plus haut, le chemin devient fort caillouteux, et la pente s’accroît jusqu’à 10% d’inclinaison.

La pente se réduit à nouveau à l’approche de Gréalou.

Vous aurez peut-être en arrivant ici le sentiment que vous allez trouver un grand village, car la route se traîne assez longtemps sur un petit plateau, avec des maisons isolées, avant de descendre sur le village.

Section 6 : En passant près du magnifique dolmen de Pech Laglaire.

 

Aperçu général des difficultés du parcours : parcours sans aucune difficulté, sur de magnifiques chemins.

Et pourtant, Gréalou ne compte que 250 habitants dans cette halte fort appréciée par les pèlerins. Ici l’eau coule, ce qui explique la présence d’un plus gros village ici. Une place de pique-nique est aménagée, avec un vrai robinet d’eau pure. Il y a une épicerie ici et on peut même se restaurer ou loger dans un gîte aussi rocambolesque et charmant que l’est la propriétaire, d’une originalité notoire.

Le GR65 quitte Gréalou sur une route goudronnée qui se transforme rapidement en chemin de gravillons près du Mas de Trémoulet.

Le parcours devient assez rapidement une large voie de terre qui avance à plat parfois dans la campagne, parfois dans le sous-bois. Sur le trajet, on trouve même des vignes.

Une “gariotte”, autre nom des “caselles” ici, de temps à autre dans les prés, une barrière de contention pour le bétail qui doit être parfois présent, des chênes à profusion, signent un panorama immuable, toujours le même, celui des causses éternels.

Quand le pays s’ouvre, on voit encore Grélaou derrière les champs de céréales ou l’immensité d’un causse qui n’en finit pas.

La campagne semi-ouverte s’achève près du magnifique dolmen de Pech Laglaire et de la croix de pierre qui lui fait face, dissimulée sous les genévriers. Là, le site est assez exceptionnel, tout empreint de religiosité et de magie, à l’orée des bois. C’est dans ce genre d’endroit que l’émerveillement se réveille et que la nature offre à la méditation.

Vous y rencontrez peut-être un jour ici d’étranges pèlerins qui portent aussi leur charge, ou alors plus cocasse, des joueurs de pétanque, qui viennent ici partager la vie des pèlerins !

Alors le GR65 descend dans la forêt de Coston. Pourquoi ne pas le dire ? Comment ne pas être apaisé par un large chemin qui ondule entre les petits murets couverts de mousse, les guérites de pierres sèches, et par-dessus tout, les innombrables chênes rabougris, sans doute plusieurs fois centenaires, qui dressent leur grosse tête rugueuse ? Ces chemins ont un parfum d’antan, celui qui raconte le passé, celui de millions de pèlerins qui ont peut-être heurté de leurs godillots les mêmes pierres. Qui sait? Nous traversons ici un des plus beaux paysages du Chemin de Compostelle. On doit aussi donner raison aux gens qui ont classé ce bout de chemin au Patrimoine Mondial des Chemins de l’UNESCO.

Le chemin est large, caillouteux à souhait, dans un océan de verdure coupé de murets bas et d’arbres dépouillés. Toujours la même magie: les pierres du chemin, la terre ocre, la mousse, les lichens et les milliers de petits chênes qui se taisent. On ne voit rien. Que des arbres et des pierres. On n’entend rien. Pas un seul chant d’oiseau, que le bruit de ses pas qui crissent sur le caillou.

Au bas de la descente, le chemin ne fait que de traverser une petite route.

La magie se perpétue de l’autre côté de la route. Quelques Aubrac broutent une herbe rare. Mais ici le bétail est plus rare que les chênes.

Le chemin passe bientôt près de la ferme de Martignes. Ici on fabrique aussi du Rocamadour. Vous ne verrez jamais les chèvres à l’extérieur, car l’appellation contrôlée nécessite une nourriture sélective.

A partir de la ferme, la forêt devient moins compacte, et les chênes laissent un peu plus de place à l’érable champêtre et à l’érable de Montpellier.

Bientôt le paysage change. De grands prés, voire de modestes champs de céréales, apparaissent parfois dans les clairières. Parfois on distingue la tâche brune d’un petit troupeau au loin contre le flanc de la colline.

Section 7 : Montagnes russes légères entre campagne et sous-bois.

 

Aperçu général des difficultés du parcours : parcours sans grande difficulté.

Un large chemin de terre se profile alors, juste avant d’arriver au Pigeonnier et ses rares maisons de pierre aux toits rouges. Lors de notre dernier passage ici, on retapait les maisons.

Ici la nature est plus douce, moins sauvage, jusqu’à atteindre Le Verdier.

Ici, vous avez un choix. Soit, vous restez le GR65, qui rejoindra Cajarc après 6.6 kilomètres, soit vous suivez la variante, qui n’est guère plus courte (5.7 kilomètres). Nous resterons sur le GR65.

A Le Verdier, le chemin se transforme vite en route goudronnée. La traversée des hameaux qui constituent Le Verdier se fait sur l’asphalte en montée.

Il y a un peu plus d’érables ici, et parfois de beaux murs moussus.

Le GR65 quitte le Verdier par le Chemin des Vignes. Pour l’instant aucun cep à l’horizon, que la rigueur des feuillus du causse.

Pourtant, plus haut, il y a bien quelques ceps enfouis sous les hautes herbes, mais aucun raisin n’y pousse le long de cette brève rampe entre 10% et 15% de pente.

Au sommet de la montée, le GR65 rejoint une petite route qui court sur un plateau plutôt ouvert. Mais le GR n’aime guère les routes et il leur préfère les chemins de traverse.

Alors un chemin s’en va, parallèle à la route, d’abord dans le sous-bois, puis dans les prés.

Nous sommes près de Pech Granat, que le GR65 effleure sans y passer, à 6 kilomètres de Cajarc. A 300 mètres de là, se dresse un gîte assez exceptionnel dans un écrin de verdure et de sous-bois.

Le chemin repart alors à plat dans les feuillus. On se trouve sous la grande antenne de Pech Granat. Sur le chemin, au printemps, les crapauds donnent un concert impromptu. Aujourd’hui, ils sont plutôt silencieux.

Peu après, le chemin traverse et longe très peu la route départementale D12, la route qui joint Figeac à Cajarc.

Mais rapidement, le chemin, ici peu cahoteux, reprend ses droits dans la nature sauvage, le long des murets couverts de mousse.

Parfois les chênes sont squelettiques comme des mâts de navire, comme s’ils n’avaient rien à boire ou à manger.

Près de Semberot, au détour du chemin apparaissent alors des murailles étranges que le temps, la mousse, les lichens, le soleil et les pluies ont détruit avec le temps. Un village anéanti, pourquoi ? ou alors autre chose. Sans doute l’ouvrage ne remonte pas aux ères préhistoriques, mais nous ne sommes pas allés plus loin dans l’élucidation de ce mystère.

Peu après, le chemin, à nouveau très caillouteux, descend sèchement dans le sous-bois. Tout autour règne une petite vie agricole.

Puis il remonte un peu plus loin, avec toujours autant de cailloux sur le chemin et presque autant de pente jusqu’à une petite route au Mas de Langarre. C’est la loi du Chemin de Compostelle, en haut, en bas. Mais quand les denses feuillus apportent leur ombre, l’exercice est moins dommageable.

Section 8 : Descente sur Cajarc.

 

Aperçu général des difficultés du parcours : pentes sévères dans les falaises au-dessus de Cajarc.

D’ici le chemin monte encore un peu sur les pierres. Ce sont toujours les mêmes arbres qui nous ont accompagnés aujourd’hui: des chênes en pagaille, de modestes érables, des frênes en bordure, de la charmille, des ronces  et des cornouillers au bord des chemins. Il n’y a pas de châtaigniers ni de noyers aujourd’hui à se mettre sous la pupille, et très peu de buis ou du genévrier, grands buissons des causses.

Pour aujourd’hui, la forêt se ferme. Il ne restera que des bouquets d’arbres disséminés dans la nature. A l’approche de Cajarc, la vie agricole reprend un peu plus ses droits.

Un large chemin de terre descend, parfois en pente soutenue, le long de murs de pierre, parfois presque aussi hauts que des forteresses. Jadis, les paysans avaient plus de temps, du moins ils étaient plus nombreux pour construire ces ouvrages conçus pour résister au temps.

Le chemin passe plus bas à La Deille, une ferme dont la belle “caselle” est incorporée au domaine.

Maintenant, la descente sur Cajarc est déjà bien emmanchée. Le large chemin de terre descend encore en pente plus douce, entre chênes et campagne, vers le hameau de Le Touron, où il rejoint une route goudronnée.

Plus bas, la pente se fait plus sévère sur le goudron. Il y a de maigres champs de céréales et des Aubrac dans les prés.

Rapidement, du haut de la crête, la vue est splendide sur la vallée. Cajarc apparaît comme une perle dans une coquille enchâssée dans un cirque de falaises, au pied desquelles serpente le majestueux Lot.

Alors, la route goudronnée fait alors place à un petit chemin, au départ assez large, qui descend sur le Roc de la Combe et Travers de Glaudy, les falaises qui dominent Cajarc. La descente sur Cajarc est très abrupte dans des collines rougeâtres. Un vrai plaisir pour les genoux, parfois plus de 30% de pente! Parfois, la descente est si raide, si directe, qu’on a de la peine à ne pas rouler sur le fond de la vallée.

Pour votre grand plaisir…

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Plus bas, le chemin se rétrécit dans les herbes folles et les cornouillers, mais la pente ne varie que peu.

Le chemin passe près d’une grotte dans la falaise. La falaise joue avec la lumière du soleil, donnant un spectacle saisissant, parfois irréel, qui varie au fil des heures. La lumière et les ombres offrent des contrastes faisant ressortir les corniches bleues et grises, les profondes anfractuosités taillées à même la roche.

Mais la pente ne mollit bas jusqu’au bas de la descente, lorsque le chemin arrive à La Peyrade, banlieue de Cajarc.

Cajarc (1’200 habitants) présente encore un aspect assez médiéval, avec une ceinture routière encerclant le centre-ville, le boulevard du Tour de Ville. C’est une petite cité, adossée au causse, au bord du Lot. Les maisons, souvent charmantes, sont assez hautes, avec des rez-de-chaussée et un premier étage de pierre. Le dernier étage est parfois construit en bois avec des encorbellements.

L’église St Étienne, datant du XIIème siècle, autrefois détruite par les protestants, a constamment été rénovée au cours du temps.

Parmi les célébrités de Cajarc, Françoise Sagan y a vécu et a été ensevelie tout près d’ici. Le président Pompidou avait une demeure dans le causse. L’humoriste Coluche, en vacances, était un habitué du café Chez Moulinot. C’est ce café qui inspira Coluche en 1975 pour écrire son sketch Le Schmilblic. Car des Moulinot, il y en a à Cajarc. Le café Moulinot existe toujours, et peut-être encore l’officine de Monsieur Moulinot, marchand d’articles de pêche. Et Papi Vougeot, celui qui voulait coûte que coûte faire avancer le Schmilblic ? Ici, on a perdu sa trace. Mais de Coluche, on en a fait une avenue et de grandes photos sont pendues dans le Café Moulinot.

Cajarc est avant tout devenu un site touristique. Il y a d’abord les inconditionnels de Coluche, qui viennent en pèlerinage. Et puis, il y a les pèlerins qui se baladent dans la cité avec leurs sandales pour soulager leurs pieds. En saison d’été, les touristes sont plus nombreux. Le Chemin de Compostelle, qui est devenu une entreprise commerciale pour de nombreux petits villages, demeure plus discret dans les cités de plus grande importance.

Cajarc fut jadis prospère, avec ses nombreuses tanneries, ses moulins, ses mines de phosphate, et surtout pour son port au bord du Lot, d’où partaient les phosphates, le vin ou le bois vers Cahors. Aujourd’hui, un pont suspendu passe sur la rivière.

Gastronomie locale

 

Le safran, qui vient d’un mot arabo-persan désigne la couleur jaune. Le vrai safran, ce sont les stigmates d’une fleur (Sativus Linnaeus). Cajarc est le plus grand producteur de safran du Lot. La production de safran s’étend sur 7 départements, avec 70 producteurs. En tout, il s’en produit entre 6 et 8 kilos, ce qui représente plus de 2 millions de fleurs récoltées à la main. Il faut environ 200 fleurs pour en faire un gramme. Comptez environ 30 € pour 1 gramme. C’est plus cher que l’or !
Pour en savoir plus, consultez: http://www.safran-du-quercy.com

Logements

 


N’hésitez pas à ajouter des commentaires. C’est souvent ainsi que l’on monte dans la hiérarchie de Google, et que de plus nombreux pèlerins auront accès au site.
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