35a: Aroue à Ostabat

Le parcours traditionnel des pèlerins vers Ostabat

DIDIER HEUMANN, MILENA DELLA PIAZZA, ANDREAS PAPASAVVAS

 

Nous avons divisé l’itinéraire en plusieurs sections, pour faciliter la visibilité. Pour chaque tronçon, les cartes donnent l’itinéraire, les pentes trouvées sur l’itinéraire et l’état du GR65. Les itinéraires ont été conçus sur la plateforme “Wikilocs”. Aujourd’hui, il n’est plus nécessaire d’avoir des cartes détaillées dans votre poche ou votre sac. Si vous avez un téléphone mobile ou une tablette, vous pouvez facilement suivre l’itinéraire en direct.

Pour ce parcours, voici le lien:

https://fr.wikiloc.com/itineraires-randonnee/de-aroue-a-ostabat-par-le-gr65-et-la-variante-daroue-88084878

Ce n’est évidemment pas le cas pour tous les pèlerins d’être à l’aise avec la lecture des GPS et des cheminements sur un portable, et il y a encore en France de nombreux endroits sans connexion Internet. De ce fait, vous pouvez trouver sur Amazon un livre qui traite de ce parcours. Cliquez sur le titre du livre pour ouvrir Amazon.

Le Chemin de Compostelle en France. VI. De Cahors à St Jean-Pied-de-Port (Via Podiensis) par le GR65

Si vous ne voulez que consulter les logements de l’étape, allez directement au bas de la page.

Pour aller à St Jean-Pied-de-Port depuis Aroue, il y a divers parcours possibles. Le gros flux des pèlerins passe et s’arrête à Ostabat, une étape d’une grosse vingtaine de kilomètres. Déjà sur ce parcours, il y a deux manières d’y aller. A partir de Château Johanto/Aroue, il y a deux voies pour aller vers Olhaïby. Les pèlerins qui se sont arrêtés avant Aroue à la Ferme Bohoteguia ou à Bellevue, lorsqu’ils passent au Château Johanto peuvent tourner directement à gauche pour suivre le GR65. Ceux qui ont été dormir à Aroue prennent souvent la variante d’Aroue, un peu plus courte, et nettement moins belle que l’autre. Les deux chemins se rejoignent peu avant Olahïby. En ce faisant, les pèlerins raccourcissent l’étape de près de deux kilomètres.  Et vous connaissez les pèlerins ! Deux kilomètres en plus, et ils suivront le chemin le plus court, même si l’autre parcours est nettement plus beau, surtout par beau temps. Quelle que soit la variante que vous choisirez, vous aurez le loisir d’affronter la difficile montée de Soayarze, peut-être bien le passage le plus envoutant du Chemin de Compostelle en France.

Mais il y a aussi une autre variante, encore plus belle, mais malheureusement plus longue, car deux jours sont nécessaires pour aller à Ostabat. Mais qu’est-ce qu’un jour de plus sur ce long voyage jusqu’à Santiago ? Cette variante, suit le même parcours jusqu’à Benta, puis passe par St Palais avant de rejoindre le lendemain le GR65 à Beneditenea. Nous traiterons ce magnifique parcours dans les deux étapes suivantes.

La météo du jour n’est pas pessimiste. Elle annonce le beau temps pour la deuxième partie de la journée. Mais, ce matin c’est le brouillard qui cache les paysages. Aussi, c’est une bonne idée de prendre la variante d’Aroue, où on ne perdra pas grand-chose du paysage. Le GR65 depuis le château de Johanto, vous le retrouverez dans la prochaine étape qui va jusqu’à St Palais, par un jour plus clément.

Difficulté du parcours : L‘étape du jour est de 22 kilomètres, avec des dénivelés supportables (+578 mètres/-543 mètres). Jusqu’à Benta, le trajet suit les vallonnements modérés du Chemin de Compostelle. C’est à la montée depuis Larribar, que la situation se corse, avec la montée vers Beneditenea, puis à la Chapelle de Soyarze. La descente vers Haranbeltz est assez pénible, et par la suite, le parcours ne fait que monter et descendre.

Les passages sur chemins et routes sont presque équivalents :

  • Goudron : 10.4 km
  • Chemins : 11.5 km

Parfois, pour des raisons de logistique ou de possibilités de logement, ces étapes mélangent des parcours opérés des jours différents, ayant passé plusieurs fois sur la Via Podiensis. Dès lors, les ciels, la pluie, ou les saisons peuvent varier. Mais, généralement ce n’est pas le cas, et en fait cela ne change rien à la description du parcours.

Il est très difficile de spécifier avec certitude les pentes des itinéraires, quel que soit le système que vous utilisez.

Pour les vrais dénivelés, relisez la notice sur le kilométrage sur la page d’accueil.

Voici un exemple de ce que vous trouverez. Il suffit de prendre en compte la couleur pour comprendre ce qu’elle signifie. Les couleurs claires (bleu et vert) indiquent des pentes modestes de moins de 10%. Les couleurs vives (rouge et brun foncé) présentent des pentes abruptes, le brun dépassant 15%. Les pentes les plus sévères, supérieures à 20-25%, très rarement plus, sont marquées de noir.

Section 1 : Par monts et par vaux pour rejoindre le GR65.

 

Aperçu général des difficultés du parcours : parcours sans difficulté.

Aujourd’hui, le temps est à la grisaille dans le village d’Aroue.
Si vous avez passé la nuit dans les gîtes avant le village, il faut d’abord gagner le village. La route quitte rapidement le village. Il faut marcher le long des maïs sur la bande herbeuse au bord de la départementale. Soyez prudent, car les véhicules circulent vite le matin sur cet axe. Aujourd’hui, le château au-dessus d’Aroue est comme un fantôme au bord de la forêt.
La route quitte Ostabat et gagne le village de Echarry. Il y a un service de bus ici, ce qui est une performance pour la France.
Au milieu du village, la variante quitte la départementale D11 pour une petite route.
La petite route se tortille et flâne dans la campagne le long des prés et les maïs.
Il y a quelques maisons basques et de rares fermes par ici. Au matin, vous verrez peut-être le boulanger qui fait sa tournée dans les demeures.
Il n’y a rien d’excitant à se mettre sous la pupille sur ce tronçon. Ce n’est sans doute pas ce tronçon qui a été classé par l’UNESCO. Le beau trajet est le vrai GR65 qui passe sur la belle colline.
La route passe plus loin devant quelques maisons et continue sa progression, aujourd’hui dans l’épaisse brume.
Peu après, le parcours monte un peu plus et part bientôt dans les bois sur une autre route à angle droit.
Puis la route redescend dans le sous-bois au fond d’un petit vallon sous les feuillus, surtout des chênes et des frênes.
Du vallon, la route remonte en pente assez prononcée vers les rares maisons de Aizagerrea.

C’est ici que la variante d’Aroue s’achève et que le parcours rejoint le GR65. On vous le répète. Si vous avez le temps, prenez depuis Chateau Johanto le vrai GR65. C’est un peu plus long jusqu’ici, mais tellement plus beau et agréable. Même s’il côte un peu.

Aujourd’hui le temps est maussade et les paysages un peu plus ternes. Mais, il est parfois utile aussi de montrer des paysages si beaux au soleil, avec une lumière plus tamisée. Cela relativise toujours les parcours.

La route descend ici en pente soutenue dans le vallon relativement sombre et encaissé. On a créé ici une route goudronnée sur un chemin caillouteux qui jadis était somptueux. C’est la vie. Les pèlerins ne sont que de passage sur des parcours que les locaux utilisent à leur convenance.  

Les fougères se plaisent dans la grande humidité. Ici on croise en plus des chênes, de nombreux châtaigniers, des frênes, et même des peupliers.

Section 2 : Dans les pâturages célébrés par l’UNESCO.

 

Aperçu général des difficultés du parcours : quelques ondulations un peu plus sévères, mais sans difficulté.

Au fond de la descente, le GR65 rejoint une autre petite route campagnarde. Soyez attentifs sur le trajet. Tous les chemins et petites routes se ressemblent. Des panneaux de direction, on en trouve partout sur le parcours, mais ils sont de peu d’utilité. Rivez vos yeux sur les signes rouge et blanc du GR, au risque de vous perdre. C’est souvent le problème, lorsque les panneaux se multiplient. Ils ne font qu’embrouiller le pèlerin qui chemine.
Maintenant, la route file à plat, mais le paysage reste le même, très verdoyant dans l’humidité ambiante.
Bientôt, la petite route traverse alors un nouveau sous-bois, en légère montée, jusqu’aux rares maisons du hameau de Etchebarnia.
La route avance encore un peu dans la campagne.
Peu après, la route passe à la bifurcation de Olhaïby. Chaque fois que nous sommes passés par ici, la route était barrée par quelques chiens hargneux, la vraie plaie du Chemin de Compostelle. Ils vous attendent de pied ferme, même avant le panneau de direction. Nous avons encore une fois renoncé à aller à la chapelle. Peut-être auriez-vous un peu plus de chance ?
Puis la route repart en pente un peu soutenue en direction de la colline, le long des haies de feuillus.
Elle transite près des fermes dispersées de Etchecoin.
La campagne est maintenant un peu plus diversifiée. Le maïs pousse toujours, mais sans doute plante-t-on aussi des céréales et du colza.
Devant vous, sur le flanc de la colline se profile le village de Casabonne. Dans les prés on croise toujours plus de brebis Manech blanches que de noires.
Plus loin, la terre battue va remplacer un peu le goudron quand le GR65 redescend dans un petit-sous-bois de chênes et de frênes qui apporte un peu d’ombre.
Le passage est bref et le goudron reprend de la vigueur, quand la route repart à plus de 10% de pente vers la colline.
La pente reste sévère jusqu’à l’entrée de Casabonne. Les maisons basques, vous le reconnaîtrez à l’aise. C’est comme si elles portaient une signature avec leurs pans de bois apparents, peints le plus souvent en rouge brun, contrastant avec la maçonnerie généralement blanche. Certes, elles varient en fonction de leur localisation ou de la richesse des propriétaires. Mais, elles ont toutes un air de famille. Les plus riches arborent, au-dessus de la porte d’entrée, leur date de naissance ou le nom de leur propriétaire. Écrits en basque, bien évidemment.
Depuis Casabonne, le GR65 suit la petite route de campagne, quasi à plat, sur de longs bouts droits ondulant dans la campagne, au milieu des prairies et des maïs.
C’est de la campagne ouverte, de la belle campagne, avec ci et là un bouquet d’arbres, le plus souvent des chênes.
Plus loin, la route descend alors un peu en pente assez soutenue…
…puis remonte pour rejoindre la grande ferme de Jaurriberia, le dernier signe de présence des hommes avant longtemps. Ici on annonce le programme. La chapelle de Soyarze est à 2h30 d’ici et Ostabat à 4 heures de marche.
Depuis Jaurriberia, un chemin très large monte sur la crête, dans les chênes épars. Il y a parfois quelques murets de pierre et des pieux plantés dans le sol pour contenir potentiellement le bétail.
Parfois le chemin se couvre de gravillons, et partout, les fougères nous rappellent que le Pays basque ne manque pas de pluie.
C’est le monde du silence et de la plénitude. C’est pour ces raisons que l’UNESCO a notifié ces chemins loin des hommes. Plus haut, le chemin se rapproche d’un petit plateau.
Sur le haut plateau, il y a toutefois quelques signes tangibles de la présence de hommes et de leur labeur.

Aujourd’hui le temps est gris. Par beau temps, vous resterez de longues minutes à laisser vagabonder votre âme dans cet univers où la nature se vit en liberté.

Le chemin s’en va alors entre landes et pâturages, dans des territoires d’exception, un des plus grands ravissements du Chemin de Compostelle, malgré la brume qui enveloppe aujourd’hui le pays.
Le chemin lézarde avec douceur. Plus loin, pour changer votre humeur, une petite bosse à plus de 15% de pente est là pour votre plaisir.
Derrière la butte, le chemin redescend même un peu.
Puis il se remet à dodeliner en douceur dans les beaux pâturages où parfois gambadent les Blanches d’Aquitaine.

Section 3 : Dans les pâturages célébrés par l’UNESCO jusqu’à Benta, avant le retour à une réalité plus banale.

 

Aperçu général des difficultés du parcours : parcours avec une pente régulière, sans difficulté.

Plus loin, les maïs réapparaissent mais ici ils ne maltraitent que très peu le paysage sous les chênes et les frênes.
La promenade est agréable ici, sur un large chemin qui ondule un peu, parfois en légère montée, parfois en douce descente.
Alors une dernière petite rampe dans les pâturages au milieu des Blanches d’Aquitaine et le chemin amorce la descente sur Benta, où il nous faudra, hélas, quitter ce somptueux décor. 
Benta est juste en dessous.
Benta, ce n’est qu’une maison de pierre désaffectée au bord du chemin, mais qui conserve son âme. Un panneau vous invite à faire halte dans l’Ancien Couvent des Franciscains à St Palais. Les pèlerins qui vont à Ostabat tournent à gauche, ceux qui désirent aller à St Palais vont tout droit. La dernière fois que nous sommes passés par ici, le panneau indiquait que l’on pouvait rejoindre le GR436, un Chemin de Compostelle qui passe par depuis Tours et Vézelay vers St Palais.

Il faut ajouter ici un petit commentaire à propos des pèlerins. Pour le plus grand nombre, ils sont pressés d’arriver à Santiago et comptent les jours. Alors ils n’iront pas à St Palais, alors que le parcours est nettement plus intéressant par là. Pour le plus grand nombre, ils ne sont même pas au courant de cette variante. Ils utilisent des guides de voyage élémentaires ou n’en ont pas. Dès lors, des tentatives comme la nôtre sont aussi là pour leur présenter les possibilités du chemin. Alors ici, sur le GR65, la suite n’est pas extraordinaire, même si le chemin est inscrit au patrimoine de l’UNESCO. Pourquoi donc ? Il redeviendra plus attrayant après Larribar. Promis !

Le GR65 part sur la route depuis Benta en descendant dans un vallon verdoyant.
La pente est raide pour passer plus bas près de la grande ferme de Lüküa.
La route descend très longtemps dans le vallon où rien ne se passe, si ce n’est la pente qui diminue progressivement.
Au terme de la longue descente, le GR65 rejoint la départementale D242.
Et ici la situation ne s’améliore guère. Il faut marcher le long de la route peu circulante.
Plus loin, le GR65 passe à un carrefour près d’un ruisseau au nom imprononçable pur un non- basque et continue sur la route départementale.
Et le pensum continue le long des maïs. Un chemin classé par l’UNESCO, tout de même !
Plus loin, le GR65 quitte la départementale pour une autre route qui va vers Larribar. La situation ne change guère si ce n’est que la route monte un peu.
La route atteint assez rapidement les premières maisons de Larraidia.
Ici un troupeau de belles brebis Manech s’en va dans les prés. Les moutons nous accompagneront jusqu’au village plus haut. Les voitures attendront, mais il n’y en a guère.
Le village, c’est quelques maisons basques et des fermes au bord de la route. Le pays n’est sans doute pas très riche, avec des paysans surtout.

Section 4 : Un nouveau départ pour les beaux chemins classés par l’UNESCO.

 

Aperçu général des difficultés du parcours : cela va changer pour sûr, la pente est devant vous.

La route monte encore un peu après le hameau jusqu’à apercevoir Larribar en contre-bas.
Après un parc, la route descend vers le village. C’est le plus gros village de la région, mais il ne compte que 200 habitants, dans un pays fort dépeuplé.
Sur la place du village, l’eau coule de la fontaine. On s’adonne aussi à la pelote basque. Nous sommes ici à 9 kilomètres d’Ostabat.
Le GR65 traverse en descendant le village, passe devant l’église et le cimetière.
A la sortie du village, il passe au-dessus de la D933, la grande départementale circulante qui va de St Palais à St Jean-Pied-de-Port.
Puis il emprunte une petite route vicinale qui se dirige vers le Pont du Moulin, le pont sur la Bidouze.
La petite route traverse peu après le hameau de Etxartea et se dirige vers le pont. A partir d’ici, on va retrouver la beauté des chemins célébrés par l’UNESCO, mais la transition a été longue et ennuyeuse depuis Benta.
Le GR65 traverse alors la Bidouze, un affluent de l’Adour, qui passe par St Palais et transite dans une grande partie de la vallée, une rivière assez calme ici.
A partir d’ici la vie va changer et le chemin va grimper près d’un kilomètre entre10% et 15%.
La première partie de la montée se pratique sur une piste cimentée, mais plus haut l’herbe et la terre battue remplacent le béton.
La forêt n’est pas très belle ici. Elle est peu dense, au milieu des chênes chétifs, des rejets de châtaigniers, d’érables, de hêtres et de charmes déplumés.
Le sol est souvent recouvert de grosses racines et de plaques de schistes. Toutefois, c’est la nature sauvage que de très nombreux pèlerins apprécient à sa juste valeur.
Plus haut, la pente s’adoucit dans le sous-bois.
A la sortie du sous-bois, le GR65 rejoint la route à l’entrée de Beneditenea. C’est ici aussi qu’arrive la variante depuis St Palais.

C’est ici que se trouve la célèbre Croix de Gibraltar. Cela n’a rien à voir avec l’Espagne, bien sûr. C’est Xibaltarre, la traduction basque de Saint Sauveur, la colline au-dessus où sont dressées les statues de bois de Christian Lapie. La construction du monument ici est assez récente, érigée en 1964 par le docteur Urrutibehety. La stèle discoïdale, venant du cimetière de Sorhapure n’est pas datée. Elle matérialise la croyance personnelle du bon docteur, grand initiateur des chemins ici, que là était le carrefour des trois chemins de Saint-Jacques, Vézelay, Le Puy et Tours, mentionnés dans le célèbre et controversé Codex Calixtinus, le plus ancien des documents relatifs au Chemin de Compostelle. Dans ce guide du pèlerin, on mentionnait que les voies confluaient vers Ostabat. De nos jours, ce point est un lieu symbolique des chemins, juste avant la montée vers la chapelle de Soyarze.

Depuis le hameau, une route s’en va vers la chapelle de Soyarze. Hélas, le temps est maussade pour affronter ce que de nombreux pèlerins jugent comme la plus belle montée de tous les Chemins de Compostelle réunis.

Pour des images par beau temps, retrouvez l’étape : De St Palais à Soyarze sur le site.

La route s’en va rectiligne dans les prés le long des haies jusqu’à rejoindre plus haut un large chemin. Ici la pente est tout à fait raisonnable.
Plus loin, dès que le GR65 quitte le goudron, la sueur se fait plus dense sur les fronts, le long des haies de genévriers et de ronces, sur les grandes plaques de calcaire et de schistes lustrés.
La montée est très longue, magnifique, incroyable dans un décor royal. Au plus rude de la montée, à plus de 15% de pente, les moutons compatissent à votre dure entreprise.
Plus haut, la pente diminue à moins de15%, mais guère. En bas, dans la vallée, le brouillard s’estompe peu à peu.
Dans cette nature inviolée, où parfois le vent souffle en bourrasques, car rien ne l’arrête, vous aurez toujours le sentiment que vous arrivez au sommet de la colline, mais il n’en est rien. C’est toujours un peu plus loin, un peu plus haut. Extraordinaire, quasi divin ! 
Plus haut, la pente enfin diminue et le souffle se fait moins saccadé. Les schistes disparaissent peu à peu au profit de l’herbe rase et de la bruyère.

Section 5 : Sur les beaux chemins classés par l’UNESCO.

 

Aperçu général des difficultés du parcours : des ondulations importantes, en descente comme en montée.

Près d’un abreuvoir, posé là presque comme un objet de culte, on devine au-dessus dans le brouillard le sommet de la colline.
Alors la Vierge de Soyarze réalise pour nous aujourd’hui un miracle. Elle souffle sur les nuages pour nous permettre de découvrir le bouquet d’arbres au sommet de la colline.
Et devant vous se dresse la Chapelle de Soyarze, un des grands moments d’émotion du Chemin de Compostelle, surtout après une rude montée. Tous les pèlerins font une pause prolongée en ce lieu béni.
Le brouillard commence enfin à se dissiper sur ce lieu de réconfort et de prières. Nous allons trouver bientôt le soleil pour gagner Ostabat.
Soyez très attentif en quittant le site, au risque de vous perdre. Un chemin très caillouteux descend en forte pente dans la lande, les fougères et les bruyères.
Plus bas, le chemin gagne un replat dans un sous-bois où se prélassent de nombreux chênes verts.

Lorsque le chemin recommence à descendre, une belle stèle est plantée dans le talus. Vous verrez aussi dans la région et au cimetière les traditionnelles stèles, ces monuments funéraires que l’on croise dans les pays du Sud. Vous avez déjà passé près de la stèle de Gibraltar, mais il y en a aussi sur le chemin, comme à Haranbeltz plus bas. Au Pays basque, on les nomme hilarri (hil signifiant mort), des monuments composés d’un disque de pierre circulaire avec de nombreux symboles chrétiens ou païens, qui surmonte un socle de forme trapézoïdale. Il en existe de très anciens, mais aussi des plus récents.

Puis le chemin change de direction. Il y a autant de chemins que de ramasseurs de champignons.
Le chemin se rétrécit et descend à plus de 15% de pente dans la lande brulée par le soleil d’automne.
Plus bas il traverse un sous-bois de feuillus.

La nature respire et chante par ici.

Plus bas encore, le chemin traverse une sorte de petit défilé dans les rochers et les buttes.
Le chemin gagne alors le hameau de Haranbeltz égaré dans la nature.
Le hameau, loin de la civilisation, est célèbre pour sa Chapelle St Nicolas et son cimetière. La chapelle est encore aujourd’hui la propriété de quatre familles descendantes des communautés de donats, des frères et sœurs hospitaliers du Moyen-âge et qui, au pays basque, ont survécu au-delà de la Révolution. Bien sûr, les descendants sont aujourd’hui sécularisés et ont racheté les biens. Si vous avez de la chance (nous pas), et passez ici à la bonne heure, on dit que la visite en vaut la peine. A ce que l’on dit, si vous aimez le baroque, les dorures et les plafonds peints, vous serez dans l’extase.

De la chapelle, un chemin en pente rejoint le sous-bois.
La végétation est dense ici dans ce petit vallon, où coule au bas le discret ruisseau de Haranbeltzéko.
Du ruisseau, comptez un bon demi-kilomètre pour remonter le vallon sur un chemin parfois assez caillouteux.
La forêt est enchanteresse ici, au milieu des énormes chênes, des frênes qui se perdent dans le ciel, des érables sycomores et des châtaigniers. Il n’y a que peu de résineux dans la région.
Puis la pente s’adoucit et le chemin sort progressivement du bois dans les clairières.
Alors une large route de terre et de gravier descend en pente douce au milieu des prairies et de quelques champs. Cela fleure bon la bonne et vraie campagne.
Au bas de la descente, le chemin trouve un cabanon de chasse au coin des bois. N’en doutez pas, ce type de refuge doit sans doute être aussi occupé le soir par des pèlerins moins fortunés.
C’est aussi ici que coule le ruisseau Ibidiako. Dans la région, il n’y a que de petits ruisseaux en dehors de la Bidouze qui coule dans la plaine.
Depuis le cabanon, la large route de terre battue descend encore quelques centaines de mètres dans le sous-bois au fond du vallon.

Section 6 : A Ostabat, haut lieu du Chemin de Compostelle.

 

Aperçu général des difficultés du parcours : quelques pentes marquées.

Une route goudronnée remonte alors en forte pente le long d’un domaine grillagé.
Il y a raison à cela. Ne vous approchez pas de la clôture électrique. Elle n’est pas pour vous. Ah, les beaux canards qui goûtent ici quelques jours de liberté au plein air, ce qui est rare sur le chemin, programmés qu’ils sont à un avenir qu’on dira incertain. Hélas, ils ne savent pas voler pour s’enfuir.
La route s’en va alors en légère montée vers Ostabat, le long des petites maisons basques dispersées dans les prés.
Puis la route amorce la descente vers le village.
Le GR65 ne gagne pas Ostabat par la route. Il va descendre sous le village par un mauvais petit chemin qui serpente, au milieu des moutons, dans les buissons et la rocaille.
Le long des haies touffues, il atteint les premières maisons du village.
Le chemin arrive au bas du village près du gîte Ospitalia. Ostabat est une ancienne bastide fondée au XIIème siècle. Ce fut pendant des siècles, et encore aujourd’hui, un grand carrefour des voies de Compostelle. Mais ce fut aussi un grand centre hospitalier du pays basque. L’hôpital Saint Antoine était un point névralgique du pèlerinage. Avec le temps il a subi des transformations, mais il subsiste encore sous la forme de la maison Ospitalia, à côté de laquelle demeurent les restes d’une chapelle romane. De nombreux pèlerins veulent séjourner encore aujourd’hui au gîte Ospitalia, au bas du village, là où passe le chemin.

La ville basse “hors les murs” était un quartier modeste, réservé aux jacquets et aux malades. Les soins étaient gratuits. Aujourd’hui encore, le bas du village apparaît toujours très modeste. On prétend que du temps de sa grandeur, à partir du XIIème siècle, Ostabat pouvait recevoir 5’000 pèlerins et qu’on comptait une dizaine d’hôtelleries. On ne dit pas combien par jour mais on ne devait pas s’ennuyer sur le chemin. Plus tard, les armées de Castille on détruit ce bijou, pour en faire un lieu assez banal, en somme.

Une route en pente monte de la ville basse à la ville haute, si on peut le dire ainsi, pour un si petit village.
Il reste encore quelques traces disséminées de l’opulence d’autrefois. La bastide fut construite selon le plan classique des bastides du pays basque sur une place rectangulaire avec une rue centrale, des rues parallèles et des rues se coupant à angle droit, Les remparts ont fondu avec le temps. Autrefois, pour pénétrer dans la bastide de la ville haute, il fallait payer un péage, pèlerin riche ou non. La bastide avait de nombreux privilèges attribués par les rois de Navarre. C’était un marché célèbre, une ville de notaires et de marchands fortunés. Au XIVème siècle, on y vit fleurir les premiers  hôtels  pour gens fortunés. L’Ange, la Clef, le St Georges, la Huche, et de nombreux autres…Les écus devaient circuler à la pelle.

Le village a perdu son luxe d’antan. Les possibilités de logement ne sont pas nombreuses ici. Ostabat est le village étape de la majorité des pèlerins venant de Aroue. De nombreux pèlerins choisiront en priorité le gîte Ospitalia, mais il y a peu de places.

Aujourd’hui, Ostabat ne compte pas plus de 200 habitants, groupés autour de sa petite église rebâtie au XIXème siècle et sa mairie édifiée sur l’ancien marché couvert.
Si les maisons du village ont surtout un aspect basque traditionnel, avec leurs toits de tuile et leurs volets rouges, certaines ont gardé un style encore plus d’époque, quand les écritures fleurissaient sur les linteaux des portes. Mais aucune de ces maisons ne remonte au haut Moyen-âge célébré ici.

Logements

 

N’hésitez pas à ajouter des commentaires. C’est souvent ainsi que l’on monte dans la hiérarchie de Google, et que de plus nombreux pèlerins auront accès au site.

Etape suivante : Etape 18: De Lascabannes à Lauzerte
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