35c: St Palais à Ostabat

Les statues de bois dressées contre la montée lunaire de Soyarze

 

DIDIER HEUMANN, MILENA DELLA PIAZZA, ANDREAS PAPASAVVAS

 

 

Nous avons divisé l’itinéraire en plusieurs sections, pour faciliter la visibilité. Pour chaque tronçon, les cartes donnent l’itinéraire, les pentes trouvées sur l’itinéraire et l’état du GR65. Les itinéraires ont été conçus sur la plateforme “Wikilocs”. Aujourd’hui, il n’est plus nécessaire d’avoir des cartes détaillées dans votre poche ou votre sac. Si vous avez un téléphone mobile ou une tablette, vous pouvez facilement suivre l’itinéraire en direct.

Pour ce parcours, voici le lien:

https://fr.wikiloc.com/itineraires-randonnee/de-st-palais-a-ostabat-par-la-variante-de-st-palais-gr654-88401252

Ce n’est évidemment pas le cas pour tous les pèlerins d’être à l’aise avec la lecture des GPS et des cheminements sur un portable, et il y a encore en France de nombreux endroits sans connexion Internet. De ce fait, vous pouvez trouver sur Amazon un livre qui traite de ce parcours. Cliquez sur le titre du livre pour ouvrir Amazon.

Le Chemin de Compostelle en France. VI. De Cahors à St Jean-Pied-de-Port (Via Podiensis) par le GR65

Si vous ne voulez que consulter les logements de l’étape, allez directement au bas de la page.

Dans l’étape précédente, nous sommes allés à St Palais, en dehors du GR65, pour avoir le plaisir de remonter le magnifique Chemin de Xibaltre, sur le GR654. Le GR 654 relie, sur environ 1 700 kilomètres, la Belgique au sud de la France. C’est aussi un chemin de Compostelle, étant largement lié à la voie de Vézelay. Ne prenez pas notre parti pris de passer à St Palais pour du mépris pour la voie normale du GR65 qui vient d’Aroue et qui réjouira de nombreux marcheurs, la très grande majorité sans doute.  En fait, c’est assez simple le Chemin de Compostelle. Les gens achètent des livres et croient mordicus qu’ils ne peuvent dévier un pouce du chemin qui, croient-ils, a été celui suivi par leurs ancêtres. Mais il n’y a pas de Chemin de Compostelle, en fait, un vrai, un seul. Notre choix tient beaucoup au charme inouï du Mont Sauveur, aux statues de Christian Lapie dressées contre le chemin de Soyarze. Ce miracle justifie sans problème le fait d’être resté un jour de plus sur le chemin vers l’Espagne.

 

Le Chemin de Xibaltre (Gibraltar, en basque) mène au sommet du Mont Sauveur. Là-haut, du haut de la colline, on ne se lassera pas d’admirer les merveilleuses statues contemporaines de Christian Lapie, dressées contre les Pyrénées. Le site est exceptionnel, avec une vue plongeante sur Beneditenea et sa montée lunaire vers la Chapelle de Soyarce. A, Beneditenea, on rejoint le GR65. Il faut le dire, cette étape est une des plus belles du Chemin de Compostelle. Comme le ciel est assez clair aujourd’hui, nous aurons le loisir de vous présenter de plus belles images de la rampe vers Soyarze, plus lumineuses re moins ternes que celles traitant l’étape allant de Aroue à Ostabat. A partir de la chapelle, nous vos invitions à continuer l’étape sur celle décrite auparavant. 

Difficulté du parcours : L’étape présente des dénivelés importants (+467 mètres/-365 mètres) pour une étape courte et nerveuse, avec des pentes parfois supérieures à 15%. Les difficultés sont en début de parcours. Sitôt à la sortie de St Palais, le parcours monte raide sur le Mont St Sauveur et ses sculptures. La descente est assez sévère pour faire suite à la montée assez difficile, mais si belle, sur la chapelle de Soyarce. A partir de là, après la descente raide sur Haranbeltz, le parcours suit de légers vallonnements. Ce parcours, vous le connaissez déjà.

Ici les passages sur chemins sont les plus nombreux :

  • Goudron : 3.7 km
  • Chemins : 8.3 km

Parfois, pour des raisons de logistique ou de possibilités de logement, ces étapes mélangent des parcours opérés des jours différents, ayant passé plusieurs fois sur la Via Podiensis. Dès lors, les ciels, la pluie, ou les saisons peuvent varier. Mais, généralement ce n’est pas le cas, et en fait cela ne change rien à la description du parcours.

Il est très difficile de spécifier avec certitude les pentes des itinéraires, quel que soit le système que vous utilisez.

Pour les vrais dénivelés, relisez la notice sur le kilométrage sur la page d’accueil.

Voici un exemple de ce que vous trouverez. Il suffit de prendre en compte la couleur pour comprendre ce qu’elle signifie. Les couleurs claires (bleu et vert) indiquent des pentes modestes de moins de 10%. Les couleurs vives (rouge et brun foncé) présentent des pentes abruptes, le brun dépassant 15%. Les pentes les plus sévères, supérieures à 20-25%, très rarement plus, sont marquées de noir.

Section 1: Là-haut, au Mont Sauveur en face de Soyarze.

 

Aperçu général des difficultés du parcours: parcours très sévère dès la montée au Mont St Sauveur.

Aujourd’hui, nous empruntons au départ de l’étape le GR654, la Voie de Vézelay/Tours, avant de rejoindre plus loin le GR65, qui vient de Benta. Le parcours traverse les petites ruelles de la cité, près du Musée de Basse Navarre qui retrace l’histoire de la région, empruntant plus loin la Rue du Palais de Justice, appelée aussi “ancienne rue royale de Navarre”.
Le parcours passe au centre Espace Bideak, l’ancien couvent des franciscains, qui est aussi le gîte principal de St Palais.
On suit la route principale jusqu’à trouver sur sa droite la Rue Du Mont Sauveur.
Ici un panneau vous détaille le Chemin de Xibaltare que vous allez suivre plus loin.
La route traverse les quartiers de petites villas récentes et de petites usines à la sortie de la cité.
Peu après, le parcours rejoint une plus grande route qui court sous la colline.
Chemin faisant, la route passe devant un bijou de petite fontaine encastrée dans le mur de pierres.
Encore quelques maïs, pour vous rappeler des souvenirs, le long du sous-bois, et vous vous trouvez au début du Chemin de Xibaltare.
Le 4 octobre 2014, la mairie de Saint-Palais a inauguré le Chemin de Xibaltare, une portion du GR654 qui va du gîte de l’ancien couvent des Franciscains jusqu’à la stèle de Gibraltar, à Beneditenia, pour rejoindre le GR65 vers Ostabat et Saint-Jean Pied de Port. C’est un extraordinaire parcours qui va monter dans la forêt, un vrai parc botanique en fait. Quand on s’y balade, on ne sait pas dire ce qui relève de la nature sauvage ou de l’aménagement de hommes. Des paysagistes, des architectes et des artistes ont largement contribué à améliorer, voire à créer, ce chemin qui conduit au sommet du Mont Sauveur vers les exubérantes statues de Christian Lapie.
Des bornes informent sur les essences, parfois importées, qui jalonnent l’itinéraire. 
Au départ, la montée est droite, aménagée en béton. La pente est très escarpée, à plus de 20% d’inclinaison.

Cela monte sec….

Attendez que la vidéo se charge.

Au début, on voit de grands chênes pédonculés. Dans la région, il y a aussi d’autres variétés de chênes. Mais comment en faire le tour ? Il existe en fait 500 espèces de chênes dans le monde.
Nettement plus rare est l’alisier torminal. Cet arbre, souvent de taille moyenne, qui vit en clairière près des chênes, possède des feuilles très tourmentées, qui ressemblent à celles des platanes ou des érables.

Puis le chemin devient de terre, de pierre et d’herbe. La pente s’adoucit progressivement, longeant des sorbiers, dressés comme des soldats à la parade. Il fut un temps où cet alisier et l’homme étaient proches l’un de l’autre. Du bois, on en faisait des outils ou des instruments de musique. Des fruits, on fabriquait des jus, des confitures et de l’eau de vie.

Plus loin, d’incroyables frênes rivalisent de hauteur et font de l’ombre aux grands chênes.
Plus haut, des barrières de bois apparaissent sur le chemin le long des haies touffues, à l’ombre des alisiers, des trembles et des châtaigniers. Les trembles, avec leurs feuilles qui tremblent dans le vent, et qui sont des peupliers, ne sont pas très représentés sur le Chemin de Compostelle en France. Ce sont les aspens des montagnes rocheuses, qui poussent en foule compacte au Colorado. Les châtaigniers, tout le monde devrait les repérer sans trop grande difficulté.

C’est alors qu’apparaissent au regard ces immenses et majestueux robiniers. On doit ces arbres à Jaan Robin, un botaniste français qui introduisit d’Amérique ces arbres sous le règne d’Henri IV. Ces faux acacias ont depuis été plantés généreusement en Europe, car ils sont de pousse rapide. Les plus vieux robiniers ont l’âge d’Henri IV, mais oui. Ces arbres, vous ne les verrez guère dans les forêts. Ils ont été plantés le plus souvent près des agglomérations, ou le long des rivières.

Plus communs sont les frênes, qui poussent aussi souvent comme des géants, On a planté aussi des hêtres, arbres rares dans la région et qui poussent ici serrés les uns contre les autres.

Ici abondent aussi les cornouillers, qui sont ici presque des arbres, mais que l’on retrouve le plus souvent dans les haies de buissons.

Peu après, le chemin sort dans des clairières, franchit une barrière de bois, parfois sous l’œil lointain des belles Blondes d’Aquitaine.
Depuis la barrière, le chemin repart dans la pente. Ici on annonce une haie d’arbustes. La pente est presque toujours soutenue, avec parfois de brefs replats. Le chemin longe alors de denses haies de prunelliers, d’aubépines et d’églantiers, de cornouillers et de bruyères.

D’ici le regard plonge avec bonheur sur la lande fruste, les petits chênes rabougris, les genévriers, les genêts, les buissons et les herbes folles du pays basque. On devine déjà en bas Beneditenea et en face la majestueuse colline pelée de Soyarce.

Au bout de l’allée des arbustes, le chemin atteint à nouveau un petit replat et alors reviennent les barrières de sécurité, aménagées pour empêcher le bétail, qui doit vivre en liberté sur la colline, de passer sur le chemin.
Mais la montée n’est pas achevée pour autant. Le chemin se poursuit à l’ombre des merisiers.
Plus haut, de magnifiques pins noirs, droits comme des mâts de navire, dressent leurs dômes de verdure éternelle très haut dans l’azur. 
Le chemin sort progressivement du jardin botanique. Plus haut, ce sont à nouveau des hêtres et des châtaigniers vénérables qui vous font des haies d’honneur.
Les roches qui affleurent dans la région sont avant tout des calcaires plissés qui ont été soulevés des fonds marins lorsque se sont formées les Pyrénées.
A la sortie du bois, au sommet de la colline St Sauveur, la surprise est de taille, pour qui n’est pas averti, mais vous l’êtes. Trois statues se dressent face à l’horizon. Ce sont les statues de Christian Lapie, intitulées “Les Reflets du Ciel”, dressées contre les Pyrénées et la montée de Soyarce. On baigne dans une sorte de carrefour de l’humanité à contempler à l’infini ces masses de chêne fendu, signées par le génial sculpteur de Champagne, offertes par un généreux avocat californien et son épouse.
Christian Lapie, un artiste de réputation mondiale qui œuvre aux quatre coins de la planète, sculpte dans le bois des formes carbonisées, symboles d’un homme à l’aspect spectral. Ce sont des “arbres hommes” ou des “hommes arbres”, selon le sens qu’on veut bien leur donner. L’artiste part d’imposants troncs d’arbres qu’il taille à la tronçonneuse. Il en résulte alors la brutalité noire d’une masse muette.

D’admirer ces créatures face à la montée de Soyarce, et à l’horizon les Pyrénées, vous fait parcourir des frissons de plénitude et d’émotion contenue dans le dos. Cela justifie tout de même le fait de passer par ici et d’éviter le morne passage de Larribar sur le chemin traditionnel.

Nous adorons les clairs-obscurs souvent plus profonds que le grand soleil. Mais pour changer un peu, à partir d’ici, passons un jour de grand soleil. Cela vous permettra d’avoir une autre vue sur la montée de Soyarze que vous nous avons présentée dans le site par un jour de brouillard. Vous verrez que le soleil a aussi du bon.

Non moins prenante est la vue sur la colline pelée et lunaire de Soyarce, lorsque le chemin descend entre deux haies du Mont Saint-Sauveur. C’est un chemin qui dessine une tranchée, droite et raide, dans la lande.

Section 2 : Vers la chapelle de Soyarze, un des sites de grandeur du Chemin de Compostelle.

 

Aperçu général des difficultés du parcours : descente raide puis montée souvent pénible et longue vers la chapelle, puis descente très raide vers Haranbeltz.

Plus bas, le chemin rejoint une petite route au-dessus du hameau de Chabatenia.
La route traverse alors la campagne et de petits hameaux aux maisons coquettes sous leurs volets rouges, fleurant bon l’architecture basque et navarraise. On annonce la stèle de Gibraltar à grand renfort de publicité.

La campagne est bucolique à souhait. Qui a prétendu que le pays basque était avant tout un pays de moutons pour fabriquer l’Ossau-Iraty ? Pour l’instant, nous n’avons croisé essentiellement que les belles et fières Blanches d’Aquitaine. On voit se rapprocher à vue d’œil la montée vers Soyarze, qui fait peur à de nombreux pèlerins. Pourtant, vue d’ici, la montée ne s’annonce pas si monstrueuse que cela.

La route descend maintenant en pente douce vers Beneditenea.
Elle arrive alors à la stèle de Gibraltar, à Beneditenea. C’est aussi ici qu’arrive le GR65 d’Aroue et que débute la montée vers Soyarce. Les deux GR principaux qui traversent la France sont enfin réunis.

La Croix de Gibraltar, on la célèbre dans tous les guides de Compostelle qu’on s’attend à se trouver en face du Taj Mahal ! Vous serez déçus, vous aussi. C’est un bien modeste monument, dans un carrefour où l’intérêt majeur est qu’il offre une belle vue sur la draille de Soyarce. Au fait, c’est une ancienne stèle non datée, que le bon docteur Urrutibehety, celui qui voulait classer St Palais dans les chemins de L’UNESCO, réinstalla en 1964, pour matérialiser, selon lui, le carrefour des trois chemins de Compostelle en France, à savoir Vézelay, Le Puy et Tours.

Gibraltar n’a rien à voir, bien entendu, avec le célèbre rocher surplombant la Méditerranée. Certains experts pensent que ce mot viendrait de Chibaltarem, un sanctuaire voisin, qui en basque a donné Xibaltare, donc Gibraltar.

Ici un chien compte patiemment les pèlerins qui passent, qui boivent une rasade d’eau avant d’affronter la pénible montée, un des hauts lieux mythiques du Chemin de Compostelle. Le panneau annonce deux kilomètres d’intense bonheur ou de souffrance, c’est selon.
Au départ, voilà du goudron sur une pente moyenne, dans la campagne. Tiens, c’est bien une des rares fois que nous croisons autant de moutons dans le Pays Basque.
Puis un vrai chemin de pierre se détache de la route. La pente se fait alors rude. Quand vous passerez par ici, vous aurez peut-être le sentiment que des millions de pèlerins sont passés, tant les schistes et le calcaire sont lustrés sur le chemin.

Mettez vos pas sur ceux des millions de pèlerins qui ont peut-être transité par ici…

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A mi-côte, la pente s’assagit. Les pierres éclatent encore plus dans la lumière au milieu d’un univers plus proche d’un désert que d’un pâturage. C’est d’une beauté unique, surprenante, radieuse.

En vous retournant, vous allez deviner, en écarquillant les yeux, les statues de Christian Lapie, tout là-haut sur le Mont St Sauveur.

L’herbe est rase à cette période de l‘année. Les moutons sont peut-être passés par là, ne laissant que les maigres genévriers.

C’est toujours aussi magique….

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Puis la pente s’adoucit en arrivant au sommet de la draille, au milieu des fougères séchées par le soleil. Bientôt, le vert de la prairie gagne un peu en intensité face aux magnifiques Pyrénées qui se détachent dans le ciel.
Le souffle se fait plus court, pour certains. Allez ! Encore quelques mètres avant de joindre la chapelle de Soyarce et son petit bouquet d’arbres protecteur.
La Chapelle de Soyarce est un des lieux mythiques du Chemin de Compostelle, de par sa position. Autrefois, il y avait ici un sanctuaire des Prémontrés au XIIème siècle, qui devint plus tard un ermitage. Puis, au départ du dernier ermite, le bâtiment devint un abri pour le bétail et le fourrage sur une colline ouverte à tous les vents et intempéries. Un incendie anéantit alors l’édifice à la fin du XIXème siècle. On retira des cendres une statue de la Vierge demeurée intacte. On construisit alors à la Vierge Marie une chapelle en son honneur en 1845. Plus récemment, on installa même un panneau solaire pour illuminer tous les soirs la croix du clocheton. Les pèlerins perdus peuvent passer la nuit ici, à la bonne étoile, sous les yeux protecteurs de Marie.
De là-haut, un planisphère permet de mettre un nom sur les montagnes en face. Ce ne sont pas les plus hautes montagnes pyrénéennes, mais le Pic du Midi d’Ossau culmine tout de même à 2884 mètres. En dessous, le Pays Basque s’étend en prairies et petits bosquets verdoyants.

 

A partir d’ici, retrouvez le chemin sur l’étape Aroue à Ostabat.

N’hésitez pas à ajouter des commentaires. C’est souvent ainsi que l’on monte dans la hiérarchie de Google, et que de plus nombreux pèlerins auront accès au site.
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