20a: Moissac à Auvillar/ GR65

Le long des canaux de la Garonne par la voie sportive

 

DIDIER HEUMANN, MILENA DALLA PIAZZA, ANDREAS PAPASAVVAS

 

Nous avons divisé l’itinéraire en plusieurs sections, pour faciliter la visibilité. Pour chaque tronçon, les cartes donnent l’itinéraire, les pentes trouvées sur l’itinéraire et l’état du GR65. Les itinéraires ont été conçus sur la plateforme “Wikilocs”. Aujourd’hui, il n’est plus nécessaire d’avoir des cartes détaillées dans votre poche ou votre sac. Si vous avez un téléphone mobile ou une tablette, vous pouvez facilement suivre l’itinéraire en direct.

Pour ce parcours, voici le lien:

https://fr.wikiloc.com/itineraires-randonnee/de-moissac-a-auvillar-par-le-gr65-30515206/

Ce n’est évidemment pas le cas pour tous les pèlerins d’être à l’aise avec la lecture des GPS et des cheminements sur un portable, et il y a encore en France de nombreux endroits sans connexion Internet. De ce fait, vous pouvez trouver sur Amazon un livre qui traite de ce parcours. Cliquez sur le titre du livre pour ouvrir Amazon.

Le Chemin de Compostelle en France. VI. De Cahors à St Jean-Pied-de-Port (Via Podiensis) par le GR65

Si vous ne voulez que consulter les logements de l’étape, allez directement au bas de la page.

Aujourd’hui, notre parcours est encore en Tarn-et-Garonne, entre Bas Quercy et Lomagne. La création de ce département est une longue histoire. Les gens du Lot et du Tarn-et-Garonne vivaient dans une grande province appelée Quercy. Leur origine était celte. Au Vème siècle, le pays fut envahi de hordes de vandales, de suèves et d’autre wisigoths, avant d’être chassés par Clovis, puis envahis à nouveau par les normands. Le Quercy passa par la suite à la solde des anglais. Durant les Guerres de Religion, une grande rivalité vit le jour entre les catholiques du Haut Quercy, les gens de Cahors, et les protestants du Bas Quercy, autour de Montauban. Napoléon I trancha le nœud en détachant le Bas Quercy pour créer le Tarn-et-Garonne, et en limitant le Lot au Haut Quercy.

En 1681,  le canal du Midi entre Sète et Toulouse fut achevé. L’idée était bien évidemment de prolonger le canal en direction de l’Atlantique pour acheminer les marchandises.  Mais Louis XIV ayant vidé les caisses du royaume, on abandonna donc le projet, faute de moyens. Et pendant encore deux bons siècles, on utilisa la bonne vieille Garonne et sa navigation si périlleuse pour le transport fluvial jusqu’à Bordeaux. Lorsqu’en raison des crues abondantes ou de la sécheresse, c’est selon, la Garonne ne devenait plus navigable, on passait par Gibraltar. Mais, il fallait braver les tempêtes et les attaques des pirates. Avec la révolution industrielle, le projet refit jour. On inaugura le canal du Midi, “côté Atlantique” en 1856. Ce canal longe sur 193 kilomètres la Garonne. 53 écluses permettent une navigation agréable. De nos jours, ces canaux ne servent plus qu’à la batellerie de plaisance. Les rives ont été aménagées en voies vertes. Ils font le bonheur d’une armée de randonneurs et de cyclotouristes qui s’ébattent, à l’ombre des platanes et des peupliers centenaires.

Le Canal des Deux Mers court sur plus de 450 km. Il est inscrit au Patrimoine de l’UNESCO, avec ses écluses, ses ponts, ses aqueducs et ses barrages. Il n’est pas profond, 2 mètres de profondeur, posant des problèmes pour de plus gros bateaux. Dans les années 1970, on investit sur le canal du Midi de grosses sommes d’argent pour moderniser le réseau, augmenter la taille des écluses pour permettre le passage de péniches.  Arriva alors le choc pétrolier de 1973. Le trafic fluvial chuta de 50%. Et puis, on inaugura l’autoroute des Deux Mers. Cela signa l’arrêt de mort du trafic fluvial des marchandises sur le canal. En 1989, la dernière péniche livra sa cargaison de vins à Bordeaux. L’État arrêta de financer de futurs travaux. Le dernier voyage commercial eut lieu en 2000. Le canal, on le baptise de plusieurs noms. Certains l’appellent le canal de Garonne, d’autres simplement le Canal latéral.  Son nom officiel est le Canal latéral à la Garonne. Mais comme il est le prolongement du canal du Midi, qui relie Toulouse à la Méditerranée, l’ensemble forme aussi le Canal des deux Mers, puisqu’il relie la Méditerranée et l’Atlantique.

Il y a deux façons de rejoindre Auvillar. La première façon est, nous le dirons ainsi : “la voie officielle“ Le parcours suit le canal, mais aussi les hauteurs au-dessus de la Garonne et du canal. Ce parcours est plus sportif que la variante qui se contente de longer le canal en évitant les hauteurs.

Difficulté du parcours :  Les dénivelés (+346mètres/-311 mètres) sont faibles aujourd’hui. Au niveau des difficultés du parcours, c’est une journée très tranquille, pour ceux qui choisissent la variante le long du Canal des Deux Mers jusqu’à Pommevic. Pour les autres, les deux bosses qui vont à Boudou et Malause cachent de sérieuses difficultés. Mais sur le Chemin de Compostelle, rien n’est vraiment hors de portée. C’est un chemin pour tous.

Les parcours sur routes et chemins sont équivalents aujourd’hui. Mais, tout dépend de ce qu’on appelle goudron. Le chemin au bord du canal, ce n’est que de l’asphalte, mais il n’y a aucune circulation de véhicules. Alors ici, on l’a assimilé à un chemin :

  • Goudron : 10.9 km
  • Chemins : 10.4 km

Parfois, pour des raisons de logistique ou de possibilités de logement, ces étapes mélangent des parcours opérés des jours différents, ayant passé plusieurs fois sur la Via Podiensis. Dès lors, les ciels, la pluie, ou les saisons peuvent varier. Mais, généralement ce n’est pas le cas, et en fait cela ne change rien à la description du parcours.

Il est très difficile de spécifier avec certitude les pentes des itinéraires, quel que soit le système que vous utilisez.

Pour les vrais dénivelés, relisez la notice sur le kilométrage sur la page d’accueil.

Voici un exemple de ce que vous trouverez. Il suffit de prendre en compte la couleur pour comprendre ce qu’elle signifie. Les couleurs claires (bleu et vert) indiquent des pentes modestes de moins de 10%. Les couleurs vives (rouge et brun foncé) présentent des pentes abruptes, le brun dépassant 15%. Les pentes les plus sévères, supérieures à 20-25%, très rarement plus, sont marquées de noir.

Section 1 : Une belle balade sur le canal des Deux Mers.

 

Aperçu général des difficultés du parcours : sans difficulté, avant la montée sur La Roquette.

Le GR65 quitte Moissac près de la gare et rapidement rejoint le Chemin de la Pointe sur les longs canaux qui longent le Tarn et la Garonne.

Le GR65 entre alors sur le véloroute des deux Mers qu’il va suivre pendant de nombreux kilomètres. Le calme et la sérénité règnent ici sous les grands platanes. Pour la simplicité de la présentation, on dira ici “chemin”, alors que c’est en fait du goudron.

Au départ, le chemin longe le Tarn sur sa gauche, mais pendant très peu de temps.

Le canal s’étire comme un long ruban, dans une palette de verts ponctuée de sentinelles parfois claires, parfois sombres, que sont les majestueux arbres. Les grands platanes, comme des mâts de navire, aux troncs énormes, semblent applaudir le pèlerin qui passe. Élancés comme des girafes, souples aux frémissements des vents, ils balancent leurs branches, un coup à droite, un coup à gauche. C’est impressionnant de légèreté, malgré leur taille immense. D’autres arbres, plus rares, comme les frênes ou les érables, montent aussi la garde le long du canal, mêlant leurs branches pour former comme une voûte de cathédrale, maternelle et protectrice.

Et pourtant ce miracle de la nature ne pourrait pas être éternel. Plus bas, sur le canal du Midi, un méchant champignon ronge les platanes, plusieurs fois centenaires. Le seul traitement actuel est la tronçonneuse, créant des trous immondes dans cet agencement si harmonieux. Affaire à suivre, car il y a peut-être un antidote, mais rien n’est sûr. Alors on replante par centaines d’autres espèces. Depuis 2006, sur les 42’000 platanes du canal du Midi, 25’000 ont été coupés et brûlés, alors que 10’000 nouveaux arbres, surtout des chênes chevelus, des peupliers blancs et des micocouliers, à croissance rapide, mais qui peuvent vivre plus de 500 ans, ont été replantés.

On ne voit presque jamais le Tarn qui coule parallèle, à gauche du chemin, avec parfois des vergers ou des sous-bois. De l’autre côté du canal passe la voie de chemin de fer, où parfois résonne le roulement du train qui part vers d’autres horizons.
L’eau du canal est de couleur verdâtre sur toute sa longueur. Nous ignorons si parfois elle vire au bleu.
Des fermes sont présentes sur la rive gauche du canal, et l’activité agricole semble assez développée ici, où la terre fluviale doit être de bonne qualité. Sur la droite du canal il n’y a place que pour la départementale et la voie de chemin de fer.

Dans ce jeu incroyable de lumière et d’eau, parfois des bateaux passent, presque silencieux. On les dirait au ralenti. Ils ont la vie devant eux. Ce sont des petits bateaux de croisière.

Le chemin arrive alors au pont écluse de l’Espagnette. C’est un carrefour stratégique. De nombreux pèlerins empruntent la variante du GR qui suit le canal à plat. Les plus courageux partent alors sur le GR65 traditionnel qui va monter dans la campagne au-dessus du Tarn et de la Garonne. Nous suivrons ici le GR65 des sportifs. Enfin, manière de dire. Ce n’est pas l’Himalaya. Vous pouvez lire aussi sur le site le trajet sur la variante.
Le GR65 traverse la voie ferrée, remonte un peu la route goudronnée qui retourne à Moissac.
Il remonte la route jusqu’à un carrefour, où alors, il entame les lacets en pente qui conduisent au-dessus à la Roquette.
De petits lacets en pente vous emmènent vers les hauteurs dans les sous-bois vers le hameau de La Roquette, où on comprend aussi que certains habitants de Moissac ont pris demeure, loin des flots de touristes et de pèlerins qui sillonnent la ville.
Le GR65 suit alors encore un peu la route avant de bifurquer sur un chemin qui monte en rude pente à l’assaut de la colline.
Dans le sous-bois règnent les chênes, mais on aperçoit aussi quelques charmes et des érables. Plus haut, le chemin sort du sous-bois pour arriver dans la lande au sommet de la colline.

De là-haut, le panorama est superbe, incroyable. Le Tarn coule en en dessous et va rejoindre bientôt la Garonne, qui file dans une plaine qui s’étend à l’infini.

Section 2 : Bien au-dessus de la jonction du Tarn et de la Garonne.

 

Aperçu général des difficultés du parcours : un gymkhana pas piqué des vers, avec des pentes souvent nettement supérieures à 15%, autant en montée qu’en descente, avec parfois des replats.

Ici les coteaux sont riants. Les vergers et les vignes de chasselas profitent largement du soleil, et sans doute de la brume d’automne, si généreuse avant les vendanges.

Il fait bon savourer ici l’odeur du chèvrefeuille, si sensuelle et fulgurante. En dessous, derrière les chênes et le chèvrefeuille, le Tarn et le Garonne se mélangent leurs eaux, s’unissent à tout jamais.

Comment détacher son regard d’un tel spectacle ? Pourtant la réalité du chemin est toute autre. Après les vergers, les sous-bois réapparaissent, et le chemin monte sur le sommet d’une petite côte.
Bientôt le chemin débarque sur un petit plateau près des fermes et des villas de Pinète.

Un dernier regard sur le ballet qu’offrent les deux rivières, dont on ne sait pas vraiment laquelle est la mère, laquelle est la fille, tant les eaux sont mêlées. A l’horizon s’étend la vaste plaine de la Garonne.

La route goudronnée suit un moment une crête où ont poussé avec le temps de petits hameaux et de villas isolées.

Comment ne pas se sentir un nain devant ce gigantesque tilleul ?

La route descend alors un peu entre villas et campagne. Dans le pays les gens adorent les roses et en couvrent les façades de leurs demeures. Près d’une ferme au bord de la route, le GR65 quitte le goudron pour le chemin de terre.

On devine déjà qu’en face il faudra remonter de l’autre côté du vallon. Vu d’ici, le chemin ressemble à une “petite muraille de Chine ”qui se perd à l’horizon.

Les vergers et les vignes sont derrière nous. Un chemin herbeux redescend alors entre prairies et sous-bois. La pente est soutenue. Presque à chaque fois que le Chemin de Compostelle descend vers un ruisseau, les herbes folles et les buissons touffus montent en puissance.
Le chemin descend jusqu’au fond du vallon où il devient chemin de terre, après avoir transité peu de temps sur une route, qui doit rejoindre un des nombreux hameaux perchés sur les crêtes.
Comme promis, la remontée du vallon vaut son lot de sueur.

Pour votre plaisir…
Attendez que la vidéo se charge.

Le sol doit être ingrat dans ces petits vallons. Plus de magnifiques vergers, mais la luxuriance épaisse des buissons rangés en désordre, le long de la lande, sur une pente exigeante. Les chênes sont presque les seules espèces d’arbres qui poussent dans ces terres arides.
La montée s’achève au hameau de Delbrel, près du boulodrome de Boudou, où les pistes de pétanque sont si nombreuses que l’on pourrait organiser les championnats du monde de pétanque.
Boudou est situé juste en dessous sur la route.
L’activité est essentiellement agricole dans ce petit village regroupé autour de l’église St Pierre, avec son clocher-mur. Boudou est connue depuis la nuit des temps pour avoir été une étape incontournable sur le Chemin de Compostelle. Il y avait ici un hôpital pour pèlerins, aujourd’hui disparu, comme partout sur le Chemin de Compostelle.
Le GR65 repart à l’angle du village.
Le chemin retrouve un moment les vergers et leur implantation quasi géométrique. La terre doit être généreuse ici, synonyme de beaux fruits.
Ceci contraste aisément avec le fouillis des taillis que le chemin retrouve plus bas.

Section 3 : Montagnes russes au-dessus de la plaine.

 

Aperçu général des difficultés du parcours : encore une belle rampe ici après Pugnal.

Le chemin descend jusqu’à trouver le ruisseau de Sérène, que l’on ne fait que deviner dans les taillis.
Après avoir traversé le petit ruisseau, le chemin remonte peu de temps sur l’autre flanc du vallon.
Un large chemin de terre chemine alors à plat dans les sous-bois de chênes et de châtaigniers jusqu’à la grande ferme de Pugnal, où on trouve à se loger sous les arbres. Le cadre est assez exceptionnel, bucolique à souhait il faut le dire, avec ces moutons qui, sous les grands arbres, vous font des haies d’honneur. 
De la ferme de Pugnal, un chemin de terre va monter de manière soutenue dans le sous-bois. Rapidement, on se retrouve dans les ornières laissées par les tracteurs sur la terre ocre. On devine qu’ici, par temps de pluie, la montée doit être assez pénible. Cela doit être vraisemblablement le cas, car un chemin parallèle, moins embourbé, s’est dessiné, par endroits, avec le temps. Les pèlerins, à la différence des sangliers, aiment éviter la boue.
Dans le bois poussent les chênes, mais aussi des érables, des charmes et des châtaigniers. Quand on traverse le centre de la France, on a le sentiment de vivre dans une grande forêt de chênes, au milieu des sangliers. Et les naïfs d’imaginer que la France c’est Paris, avec quelques landes autour !
La montée est assez longue, près d’un kilomètre sur la terre pilée, dans les feuillus et les broussailles. Parfois le chemin est presque de la terre glaise, un vrai bonheur par temps de pluie.
Plus haut, au sommet de la côte, le chemin rejoint une route goudronnée près du lieudit Bourdailles.
Une petite route départementale descend alors dans la campagne, en direction de Malause.
Un peu plus bas, une autre route prend la direction de Ste Rose. La civilisation reprend un peu ses droits. Quoique ! On ne rencontre sur le chemin pour ainsi dire aucun autochtone. Il n’y a rien que des pèlerins qui avancent seuls ou en groupes, silencieux, engoncés dans leurs pensées.
La petite église de Ste Rose est perdue au milieu des généreux champs de blé. L’église Ste Rose de Viterbe date du XI-XIIème siècle, remaniée de nombreuses fois au cours des siècles. Elle n’est aujourd’hui plus qu’une simple chapelle de cimetière. D’ici on revoit la plaine de la Garonne.
De Ste Rose le GR65 traverse les blés, puis se met à descendre sur l’herbe dans les taillis et les sous-bois, où fleure encore bon l’odeur du chèvrefeuille.

Chemin faisant, le chemin passe près d’une magnifique ferme que l’on trouve parfois dans la région, avec son architecture si caractéristique, où les briques rouges étroites, jointoyées par la chaux ou le ciment, se mêlent aux moellons de calcaire. Les volets clos parlent pour un abandon.

Malause est à une portée de fusil, juste en-dessous. Une petite route mène au village.
Des briques jointoyées, on en retrouve dans certaines maisons du village. L’église St Jean Baptise, de style néo-roman, est de construction assez récente (XIXème siècle).

Section 4 : Retour le long du magnifique Canal des Deux Mers.

 

Aperçu général des difficultés du parcours : parcours sans problème.

Le GR65 descend alors dans les bas du village…
…jusqu’à croiser la voie de chemin de fer.
De l’autre côté du pont, le parcours rejoint la variante du GR qui arrive aussi ici sur le canal latéral de la Garonne. Il faut dire, à voir le nombre important de pèlerins qui y cheminent, que la plupart d’entre eux délaissent les beautés des coteaux et se suffisent largement de flâner à plat le long de la variante du canal. Chacun selon ses goûts, ou plutôt selon l’état de ses articulations !
Le chemin retrouve rapidement ses marques sous les majestueux platanes et peupliers.

Parfois un petit bateau passe sur le canal.

Un premier pont, le Pont du Capitaine apparaît sur le canal. Ces ponts sont un peu comme des phares en mer, marquant l’avance du chemin.
Le chemin appartient aux promeneurs, aux cyclistes et aux pèlerins. Parfois on entend derrière soi les sonnettes des pelotons de cyclistes amateurs qui annoncent leur arrivée imminente et défilent les uns derrière les autres sur l’axe. Il n’y a pas une minute à perdre quand on fait du vélo, équipé comme un professionnel. Le pèlerin, lui prend son temps, musarde, le nez en l’air.
Une écluse ici coupe le canal. Apparemment plus aucun éclusier ne gère le trafic ici. Peut-être qu’en été des étudiants désœuvrés font le job. Mais tout plaisancier amateur sait utiliser les vérins hydrauliques des deux côtés de l’écluse pour ouvrir ou verrouiller les portes, faire entrer ou sortir l’eau du sas. Les pèlerins souvent jouent les spectateurs du ballet ou alors aident à la manœuvre. Selon ses moyens techniques !
Sur les deux rives l’activité agricole et présente, dans les champs d’oléagineux surtout.
Le chemin arrive alors au dernier pont, où il nous faudra quitter ce merveilleux décor. Nous sommes arrivés au Pont de Pommevic.
Le GR65 traverse alors le canal et gagne Pommevic sur le goudron.
Il rejoint la grande départementale qui traverse le village de part en part.

Une grande croix de métal donne le signal d’un petit détour dans le village.

C’est pour aller visionner les maisons de briques, la tour du château et l’église. L’église St Denis du XIème siècle ne conserve de roman qu’un pan de mur, la base du clocher et l’abside. Il n’y a rien de très excitant par ici. A Pommevic on peut se loger et se restaurer.

Section 5 : Sur la morne plaine de la Garonne avant d’arriver à Auvillar.

 

Aperçu général des difficultés du parcours : sans difficulté, si ce n’est la rampe vers le bourg.

Depuis Pommevic le GR65 retourne de l’autre côté des canaux.
Il traverse d’abord le canal latéral de la Garonne puis le canal de Golfech, une dérivation de la Garonne qui va à la centrale nucléaire.

Le temps se mettant à la pluie, à partir d’ici, nous vous décrivons le parcours jusqu’à Auvillar fait par un jour de beau temps. A la différence de notre dernier passage ici où le temps était maussade, aujourd’hui il fait beau sur la région. Mais cela ne changera en rien la punition, car il est évidemment difficile de passer du sublime du canal à la banalité de la campagne plate, où rien ne se passe.

Dans un horizon pas très lointain apparaissent les monstrueuses tours de la centrale nucléaire de Golfech. Monstrueuses, ce n’est pas peu dire. Ce site à deux réacteurs nucléaires possède les tours de réfrigération les plus hautes d’Europe, culminant à 170 mètres de hauteur. Dans tout le pays, dès que l’on monte au sommet d’une colline, on ne voit que ces deux énormes verrues et leur chapelet de vapeur d’eau défigurant le paysage. Allez ! Une éolienne, ce n’est guère plus élégant, à moins qu’elles ne soient rangées le long des collines dénudées, comme en Espagne.

Jusqu’à Espalais ce n’est pas la joie pour les marcheurs. Il n’y a qu’à suivre à plat une petite route goudronnée en pleine campagne sur de nombreux kilomètres.
Aujourd’hui c’est le tournesol et le maïs qui couvrent les champs. Une autre fois ce sera peut-être du blé.
Un peu plus loin, les organisateurs du chemin ont dessiné quelques centaines de mètres un chemin dans l’herbe, sans doute pour nous permettre de frôler un petit lac. De nombreux lacs et étangs parsèment la plaine, bien arrosée ici.
Mais vous ne ferez pas de vieux os ici. Il n’y a pas de place pour le pique-nique ni pour aller tremper ses pieds dans l’eau, et le GR65 retrouve aussitôt le goudron.
Dans cette large plaine qui se traîne au milieu des oléagineux et des céréales, le maraîchage est aussi une partie importante du travail agricole. Mais les pèlerins ne s’attardent pas pour admirer le paysage.
La route se rapproche progressivement de Espalais. Devant vous, sur la colline, pointe Auvillar, au-dessus de la morne plaine. Espalais est attendu un peu comme une sorte de délivrance.
A l’entrée du village, vous pouvez faire halte ou séjourner au Par’Chemin, un des plus beaux gîtes, si ce n’est le plus magnifique, sur le Chemin de Compostelle. L’accueil et l’ambiance sont hors du commun.
A Espalais ni une feuille ni un papier ne traînent. On pourrait manger sur la chaussée. Il est fort à parier que l’EDF, pour se faire pardonner, donne ici de précieux subsides. De nombreux employés de la centrale nucléaire doivent habiter ici. L’usine occupe un millier d’employés. L’église St Orens est relativement récente. De nombreux pèlerins s’arrêtent dans le petit parc attenant à l’église. Puissent la Vierge et le Christ protéger la population d’ici d’un hypothétique problème nucléaire!
A la sortie du village, le GR65 se dirige vers le pont sur la Garonne.
Auvillar est juste de l’autre côté du pont, sur la hauteur du fleuve. Du pont, la vue est imprenable sur la centrale de Golfech. La vapeur d’eau de la centrale monte dans le firmament azur comme une prière vers le Ciel.
La route arrive au bas du bourg d’Auvillar, près du port, passe près de l’ancienne chapelle Ste Catherine du Port. L’origine du port d’Auvillar remonte très loin dans le temps, dès que l’on savait organiser des transports sur les fleuves. On fait remonter la présence d’un péage avant le XIIème siècle, et les bateliers y étaient nombreux. Les auberges devaient aussi y fleurir car le péage était obligatoire.
Au Moyen-âge, les bateliers avaient construit dans toutes les cités de péage des chapelles dédiées à Ste Catherine, patronne des gens de la rivière et des philosophes. L’église ici remonte presque certainement à l’époque carolingienne, donc bien avant le Xème siècle. Bien que les dates soient floues pour cet édifice, elle fut partiellement reconstruite au XIVème sur les ordres du Pape Clément VIl n’en demeure pas moins qu’avec l’état des murs, elle ne date pas du siècle dernier. Elle porte cependant l’empreinte des constructions en briques de la région. Un fait curieux à noter: la présence de l’allée de la villa qui jouxte l’édifice, curieux et anachronique, non ?
Comme pour la chapelle, on retrouve près du port de nombreuses maisons avec l’architecture en briques de la région.
La montée au centre de la cité est très sévère ici.
Sur la route, vous croiserez un très beau site, comme accroché à la muraille. C’est un vieux lavoir, qui a été restauré en partie il y a quelques années.
Au sommet de la rude montée, la route passe sous la magnifique bâtisse du gîte communal, et par des ruelles étroites et pavées arrive au centre du bourg le long de hauts murs et de maisons d’un autre âge, dont les couleurs hésitent entre le jaune, le rose, le blanc et l’ocre.
Auvillar (1 millier d’habitants) fait partie de la catégorie des plus beaux villages de France. Et avec raison, car il y a de nombreux villages qui ont aussi droit à l’appellation, mais qui ne présentent pas l’unité globale et le charme de ce dernier. Au milieu de la place centrale pavée trône une magnifique halle circulaire datant de1825, un vrai bijou, sans doute la plus belle halle de la région du sud-ouest qui en compte de nombreuses. L’harmonie règne en maître ici.

Tout autour de la place sont rangées les belles maisons de briques et de chaux sous les arcades, qui remontent à des siècles, même si elles ne sont pas nées dans le haut Moyen-âge.
En face de la halle se dresse la belle Tour de l’Horloge, porte monumentale datant du XVIIIème siècle, qui marque l’entrée du vieux bourg. Dans une ruelle adjacente, un petit musée présente une collection de faïences, qui a fait la réputation du lieu aux XVIIIème et XIXème siècles. Des bateaux partaient du port pour livrer la précieuse vaisselle.

Et que dire de plus que de célébrer la majesté de l’hôtel de l’Horloge qui jouxte la tour ?

L’église Saint-Pierre, un ancien prieuré bénédictin du XIIème siècle, restaurée plus tard, est un mélange d’art roman et gothique. Les architectes ont respecté les additions de briques rouges si présentes dans la région. L’église est belle et assez lumineuse.

Il ne vous reste qu’à flâner dans les ruelles et aller jeter un coup d’œil à la Garonne qui file dans la plaine vers Bordeaux et la Gironde, et que vous ne reverrez plus pour la suite du parcours.

Logements

 


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Etape suivante : Etape 20b: De Moissac à Auvillar par la variante du canal
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