16. Vaylats à Cahors

La splendeur du Cami Ferrat

 

DIDIER HEUMANN, MILENA DALLA PIAZZA, ANDREAS PAPASAVVAS

 

Nous avons divisé l’itinéraire en plusieurs sections, pour faciliter la visibilité. Pour chaque tronçon, les cartes donnent l’itinéraire, les pentes trouvées sur l’itinéraire et l’état du GR65. Les itinéraires ont été conçus sur la plateforme “Wikilocs”. Aujourd’hui, il n’est plus nécessaire d’avoir des cartes détaillées dans votre poche ou votre sac. Si vous avez un téléphone mobile ou une tablette, vous pouvez facilement suivre l’itinéraire en direct.

Pour ce parcours, voici le lien:

https://fr.wikiloc.com/itineraires-outdoor/de-vaylats-a-cahors-par-le-gr65-30297634

Ce n’est évidemment pas le cas pour tous les pèlerins d’être à l’aise avec la lecture des GPS et des cheminements sur un portable, et il y a encore en France de nombreux endroits sans connexion Internet. De ce fait, vous pouvez trouver sur Amazon un livre qui traite de ce parcours. Cliquez sur le titre du livre pour ouvrir Amazon.

Le Chemin de Compostelle en France. Via Podiensis: Du Puy-en-Velay à Cahors

Si vous ne voulez que consulter les logements de l’étape, allez directement au bas de la page.

L’ensemble du réseau constituant les chemins de Saint-Jacques de Compostelle en France est reconnu par le patrimoine mondial. La décision d’inscription des chemins de Compostelle en France sur la liste du patrimoine date de 1998. Par cette inscription, l’Unesco aime à attirer l’attention sur la valeur universelle exceptionnelle de ce patrimoine. Pour ce faire, des monuments ou des sections de sentier ont été sélectionnés.

Le parcours se rapproche de Cahors, la plus grande ville sur la Via Podiensis, avec ses 22’000 habitants. Le trajet de Bach à Cahors, les 26 km du Cami Ferrat sont classés au Patrimoine mondial de l’UNESCO. Il en est de même de la cathédrale St Etienne et du Pont Valentré à Cahors. Le trajet remonte vers le Nord et la plaine du Lot. L’itinéraire traverse une zone où il n’y a pour ainsi dire aucun village. L’autoroute A20, l’occitane, de Limoges vers Toulouse, passe par ici. Nous sommes toujours dans le Département du Lot. A Cahors, nous serons presque à mi-chemin entre le Puy-en-Velay et St Jean-Pied-de Port. Que l’on vienne de Bach ou de Vaylats, on se retrouve rapidement en forêt sur le GR65 appelé ici Cami Ferrat. Cette voie évite les lieux d’implantation humaine, ce qui ajoute au mystère de cette partie doucement vallonnée du causse.

Chez les Romains, le chemin c’était la Via, une voie solide, fiable, le plus souvent droite, pour le passage des charrettes, des soldats et des chevaux. Ces voies étaient souvent “ferrées” (lou cami ferrât, en occitan, dur comme le fer), autrement dit renforcées d’un revêtement tassé et damé, empierrées le plus souvent. Quand on parle de voies romaines, le mot qui revient le plus souvent est “c’est tout droit”. Quand Jules César envahit la Gaule, il fit établir ces routes pour faire circuler ses troupes avec rapidité sur tout le territoire. A l’époque médiévale, le Cami Ferrat d’ici est une importante route de pèlerinage qui relie Rocamadour au Sud de la France, et au-delà, Rome et la Terre Sainte.

Le Cami Ferrat est avant tout un large chemin de terre peu caillouteux, mais il change parfois de structure sur le trajet, surtout quand les chênes se font un peu plus denses qu’en lisière de forêt et que les pierres prennent le dessus sur la terre.

Difficulté du parcours : Les dénivelés (+314 mètres/-470 mètres) sont faibles. Le profil de l’étape est aujourd’hui à l’avantage du marcheur. Il n’y a pas de grandes bosses, si ce n’est une à mi-parcours. Autrement, le parcours ondule doucement. Seule une descente sévère et impressionnante sur Cahors marque la fin de l’étape.

 

Étape remarquable pour le pèlerin, le Cami Ferrat, c’est avant tout de larges chemins. Peu de goudron, le rêve, non :

  • Goudron : 3.1 km
  • Chemins : 20.9 km

Parfois, pour des raisons de logistique ou de possibilités de logement, ces étapes mélangent des parcours opérés des jours différents, ayant passé plusieurs fois sur la Via Podiensis. Dès lors, les ciels, la pluie, ou les saisons peuvent varier. Mais, généralement ce n’est pas le cas, et en fait cela ne change rien à la description du parcours.

Il est très difficile de spécifier avec certitude les pentes des itinéraires, quel que soit le système que vous utilisez.

Pour les vrais dénivelés, relisez la notice sur le kilométrage sur la page d’accueil.

Voici un exemple de ce que vous trouverez. Il suffit de prendre en compte la couleur pour comprendre ce qu’elle signifie. Les couleurs claires (bleu et vert) indiquent des pentes modestes de moins de 10%. Les couleurs vives (rouge et brun foncé) présentent des pentes abruptes, le brun dépassant 15%. Les pentes les plus sévères, supérieures à 20-25%, très rarement plus, sont marquées de noir.

Section 1 : Depuis Vaylats, on rejoint le GR65 dans la forêt.

 

Aperçu général des difficultés du parcours : parcours sans difficulté.

Comme le déjeuner est programmé à 7 heures au couvent des sœurs, c’est souvent au petit matin que les pèlerins quittent le couvent.
Il faut rejoindre le GR65 plus loin dans la forêt. Le parcours débute d’abord sur la route qui sort du village.
Peu après, on trouve la bifurcation qui permet de rejoindre les yourtes de Bascot, un logement nouveau-venu sur le parcours. C’est aussi ici que le parcours quitte la route pour la forêt.
On se trouve alors rapidement en forêt sur un large route de terre battue très peu caillouteuse, avec parfois une ruine de pierre su bord du chemin.
La route est quasi rectiligne à l’ombre des grands chênes.
Au bout de la rectiligne, le parcours rejoint le GR65. Cahors est à 24 km d’ici, et le premier de point de civilisation est à Mas de Vers, à environ 5 km.
Ici on ne rencontre personne, si ce ne sont les pèlerins chargés de leurs lourds sacs, bien qu’il faille le dire, de nombreux pèlerins, qui sont devenus avec le temps des randonneurs, voyagent avec un sac léger, le surplus étant transporté par les compagnies de transport.
Le chemin passe parfois le long des murets de pierre ou en clairière. Les chênes se blottissent les uns contre les autres, se baissent jusqu’à terre, font comme des haies d’honneur au marcheur qui passe. Les chênes se développent et étouffent les autres arbres et les arbustes de petite taille en les privant de lumière. Ici vous ne verrez que rarement des pins, qui ont besoin de lumière pour se développer. Parfois quelques rares genêts frémissent.
Il n’y a guère de signes d’une présence humaine. Seuls quelques monuments de pierre du passé marquent le paysage.
Deux ânes se mettent à braire dans la forêt profonde. Plus près, au bord du chemin, deux équidés masqués nous regardent passer, indifférents.
Plus loin, le chemin change de registre. Il sort des bois. De rectiligne, il amorce un virage, commence à descendre et les cailloux apparaissent sur le chemin. Ce qui marque les causses, ce sont les pierres au bord des chemins, parfois grises, parfois jaunes et ocre, sur lesquelles joue une lumière si particulière, dans un pays où alternent les chemins creux et des landes arides où règnent les genévriers, les buis, les cornouillers, les érables de Montpellier, et les petits chênes pubescents, en abondance.
Le soleil se lève aujourd’hui, ce qui ne saura qu’embellir un paysage hors du commun.

Une “caselle” ici n’a plus que l’objectif d’être en proie aux photographes.

Au bas de la descente légère, le chemin traverse le ruisseau des Valses. Par temps sec, vous ne verrez jamais ici la moindre goutte d’eau.
Puis le chemin remonte en pente douce le long d’incroyables murets de pierre, les véritables joyaux des causses. Ici encore, comme entre Faycelles et Cajarc, L’UNESCO s’est fait plaisir à classer des chemins perdus, loin des hommes.
Parfois un cycliste passe.

Pour apercevoir des cultures, il faut écarquiller les yeux. Dans ces entonnoirs de verdure, la forêt peut parfois laisser place à une sorte de maquis, ou alors à des plantations de chênes truffiers, dont on peut deviner la présence potentielle de champignons à la trace ronde de terre qui se dessine autour des arbres. On sait que les truffes poussent dans les sols pauvres, dans des terrains calcaires et filtrants. Il faut un sol dans laquelle la matière organique se décompose vite. Le mycélium de la truffe vit en association avec les racines des arbres truffiers, des chênes pubescents ou des noisetiers. Mais attention, tous ces arbres ne sont pas truffiers ! Ne croyez pas que toutes les truffes viennent naturellement. Les truffières, c’est un vrai travail. On débroussaille, laboure le terrain favorable à la truffe. Pendant l’hiver, on plante alors de jeunes chênes porteurs du mycélium de la truffe. Il faut attendre 3 à 6 ans d’entretien de ces arbres pour espérer voir apparaître le « brûlé », cette zone sans herbe autour de l’arbre, synonyme de grands espoirs.

Section 2 : En passant par Mas de Vers, un rare hameau sur le parcours.

 

Aperçu général des difficultés du parcours : parcours sans difficulté.

Plus haut, le chemin gagne un plateau. Rien ne pousse ici sur cette terre aride, parsemée de grosses pierres granitiques.

Et le chemin se met à musarder dans la steppe. Les chênes, si on leur laisse de la place, prennent un peu plus de hauteur.
Le chemin reste caillouteux dans cette symphonie de petits murets et de petits chênes qui vous font des clins d’œil. Que dire de plus ? Rien, écouter le silence. C’est juste grandiose, hors du temps.
Jadis, les buis étaient les arbustes les plus envahissant des causses. Presque éternels, il conservaient leur feuillage vert et oranger toute l’année. Hélas, ils ont disparu, sans doute laminés par les spirales. Les genévriers aussi se sont faits plus rares. Or la nature a l’horreur du vide. Et ce sont les cornouillers qui maintenant ont pris le pouvoir. Pour combien de temps, nul ne saurait le prédire.
Sur cet incroyable chemin dessiné par les romains, vous vous sentirez parfois perdu, presque seul au milieu de la nature sauvage. Car sur tous les parcours français, la cohorte des pèlerins se dilue au cours des kilomètres, ce qui n’est pas le cas en Espagne.
Plus loin, les cailloux disparaissent du chemin, devenu large à souhait.
Alors on voit poindre les premières maisons de Mas de Vers.
A l’entrée du village, un raccourci conduit à un gîte, le gîte de Poudally, qu’il faut signaler, tant les logements font défaut avant Cahors. L’UNESCO a-t-elle encore frappé pour le malheur des logeurs? il faut aussi le dire. Un kilomètre de plus décourage parfois le pèlerin.
Le GR65 quitte le hameau sur une petite route goudronnée. Jadis, c’était une route de terre battue. Le Chemin de Compostelle n’est pas immuable.
Les chênes sont omniprésents, mais parfois aussi des érables champêtres et de Montpellier, des arbres très courants dans tous les causses du Quercy. Et puis, quelques genêts flétris et des milliers de cornouillers qui hantent aujourd’hui les haies.

Section 3 : Quelques frémissements de vallonnements sur le Cami Ferrat.

 

Aperçu général des difficultés du parcours : parcours sans difficulté.

Même si c’est ici du goudron, le parcours avance, paisible, presque monotone dans sa beauté naturelle. On ne dira jamais assez la beauté de ces murets qui jalonnent le parcours. La mousse et le lichen, dans les causses, s’insinuent partout, sur les cailloux, sur les arbres, vivants ou morts, tissant l’espace d’épais rideaux.
Sur la route, il y a parfois une petite éclaircie. Le regard se pose alors sur les rares truffières en labour ou sur la steppe qui s’étend à l’horizon.
Rien ne bouge, rien ne change le long des chênes. Il n’y a qu’à avancer et jouir du silence.
Un peu plus loin, le GR65 traverse la route qui conduit à Biargues. Parfois, un rare véhicule circule sur ces axes reculés de l’arrière-pays.
Après la bifurcation, le GR65 retrouve la majesté du chemin de terre. Ici la terre battue est si lisse qu’on pourrait jouer à la pétanque.
Nous sommes à un peu plus de 16 km de Cahors.
Le chemin retrouve un environnent, où l’œil se perd dans des paysages souvent sublimes.
On se rapproche d’une région habitée. Dans cet univers de sécheresse, parfois une “caselle” abandonnée surgit derrière les chênes.
Peu après, c’est peut-être un embryon de ferme en activité au coin du bois.
Plus loin, on annonce un abri, des toilettes, et surtout de l’eau. On comprend, il n’y a presque rien pour survivre sur le parcours.
Les toilettes sont à deux pas, au carrefour de la route qui mène à Lalbenque. C’est le deuxième abri annoncé à Bach sur le parcours. C’est aussi dans été régon que se situait le gîte ce Gascou, qui n’est plus signalé. Il a dû changer d’affectation. La particularité de l’étape du jour est d’ignorer les villages. Jules César avait-il prévu cela ? Curieux ! Est-ce pour conserver l’attribution du tronçon Bach-Cahors au patrimoine de l’UNESCO que le Cami Ferrat se terre à l’écart des humains ?
Par contre, le gîte de Le Pech, plus loin sur le parcours, est encore programmé.

Une magnifique “gariotte” s’est dissimulée ici sous les arbres.

C’est le retour à nouveau d’un chemin qui ondule avec grâce dans le causse. On ne peut guère s’en lasser.
Derrière les murets, le pays parfois s’ouvre. Seules quelques pauvres prairies permettent à de rares paysans de survivre en pratiquant un peu d’élevage. Rarement vous trouverez au milieu de l’aridité rampante quelques vagues céréales qui ne s’expriment guère.
Soudain le paysage bascule, un peu comme si on avait changé de pays. De rectiligne, le chemin devient un peu plus tortueux dans le sous-bois. C’est vrai que le chemin change. Les cailloux augmentent nettement en nombre et en taille et il y a même un peu de pente.
Au bas de la descente, le chemin trouve une route goudronnée dans une petite plaine.

Au bord de la route, c’est la fontaine d’Outriols. Ici l’eau n’est pas potable.

Il nous faut alors abandonner le chemin de terre pour suivre la route goudronnée qui se dirige vers la bifurcation de Le Pech/Laburgade. Ce n’est pas le tronçon le plus exaltant de la journée. Mais il n’y a aucune raison de se plaindre. On ne peut pas toujours toucher à l’excellence.
Nous arrivons ici à 14 km de Cahors, peu avant le lieudit Le Moulin-Bas.
Plus loin, la route monte légèrement sur une colline…
…pour arriver à la bifurcation de Le Pech. Le GR65 ne va pas à Le Pech. Il faut faire un détour de 800 mètres pour gagner un gîte.
Un chemin de terre repart alors en douceur vers le sous-bois.

Section 4 : La palpitante traversée de l’autoroute avant de retrouver le causse.

 

Aperçu général des difficultés du parcours : quelques pentes marquées, mais rien de trop sévère.

Le chemin va longer le ruisseau de Cieurac.
C’est un berceau de verdure où le petit ruisseau se perd, timide et presque invisible, sous le feuillage. Nous n’avons jamais vu ce ruisseau en eau.

Pourtant, jadis, l’eau devait couler ici pour actionner les pales du Moulin Bas.

On entend au loin bourdonner les moteurs, car le chemin se rapproche de l’autoroute.
Le chemin traverse le ruisseau de Cieurac et se retrouve dans une sorte de no man’s land, devant un noeud routier fort complexe. Le contournement de l’autoroute pour les véhicules se fait par la route D6 qui passe au-dessus del’autoroute.
Pour le pèlerin, c’est plus simple, il part tout droit sur un petit sentier étroit.
Le petit sentier fait un peu de gymkhana dans les herbes folles pour se retrouver sous le pont de l’autoroute. Quel choc de se trouver tout soudain au cœur de la civilisation bruyante, alors qu’on a côtoyé le silence des kilomètres durant. C’est l’autoroute A20, dite l’Occitane.
Peu après, le pensum se poursuit sous la forme d’une petit talus qu’il faut escalader sur la terre ocre, dans les herbes folles.
De là-haut, vous avez une vue panoramique sur l’autoroute et sur la départementale D6 que vous allez longer sur près d’un kilomètre.
Le chemin redescend de la butte vers la D6…
…puis il la suit dans la caillasse et dans la steppe.
C’est alors un chemin étroit, adorable, qui monte assez sèchement.
Plus haut, le chemin se rapproche de la D6, pour finir par la suivre pour quelques centaines de mètres.
Au lieudit Le Gariat, le GR65 abandonne le goudron et retourne dans le sous-bois. Ici, vous êtes à 11 km de Cahors. Sur le Chemin de Compostelle, goudron, terre et cailloux font bon ménage. Ils s’en accommodent, car si les chemins appartiennent au pèlerin, il faut bien que les gens d’ici puissent se déplacer tous les jours sans affronter les nids-de-poule et le cahot des sentiers.
Lassé de longer l’autoroute, ses vides alentours et son univers banal, le chemin reprend vie et s’enfonce à nouveau en sous-bois. Alors progressivement, les moteurs des voitures se taisent dans le bois. Quel silence ! On entend presque le frémissement des arbres dans le vent léger. Le GR65 repart sur les cailloux et le sentier monte jusqu’au sommet de la butte.
Il trouve alors une route goudronnée qu’il va suivre à plat pour quelques centaines de mètres.
Plus loin, le GR65 retrouve la panoplie complète des chemins des causses : les cailloux sur le chemin et les chênes en pagaille. Que du bonheur !
Le chemin se balade par ici, passe près d’un réservoir. Y-a-til vraiment de l’eau par ici ?
Mais la balade ne va pas durer. On voit que la pente augmente.
Plus bas, la pente est à près de 15% sur de gros cailloux. Pourtant, le paysage demeure le même, éternel et rude à la fois.
La descente est assez longue, lancinante jusqu’au fond d’une cuvette…
…mais c’est pour remonter aussitôt, avec le même degré de pente et de difficulté.
Certains pèlerins suent à grosse gouttes. Allez ! C’est le seul grand effort demandé sur l’étape du jour.
Plus haut, la pente s’adoucit lorsque le chemin croise une belle ruine.
Le chemin arrive alors près d’un terrain de football. Jadis, la buvette du Repose-Pieds était une halte bienvenue et incontournable sur le Chemin de Compostelle. C’est souvent ici que l’on voyait les pèlerins s’agglutiner pour une pause méritée. Vous auriez fait de même. Le jovial tenancier de la buvette vous disait qu’il n’avait rarement vu un pèlerin filer tout droit devant sa boutique. Aujourd’hui, tout semble terminé. Jusqu’à quand ? Il ne reste qu’un point d’eau et des places pour le pique-nique.
De la buvette, le GR65 repart un peu à plat sur la route.
Mais le plat ne dure pas. Une assez longue descente s’annonce. Une “gariotte” vous fait un clin d’œil sous les arbres.
Tout est encore sécheresse, malgré quelques maigres prairies qui pointent parfois le nez sur les collines. Le chemin longe assez longtemps ce qui ressemble à une truffière en développement sur la croupe de la colline.
Plus bas, la pente augmente. Les cailloux aussi.
A plus de 10% de pente, vous pieds ne sont pas sûrs sur les cailloux qui roulent. Tout autour, les chênes, si maigres, vous feront peu d’ombre.

Section 5 : Retour vers un peu plus de civilisation.

 

Aperçu général des difficultés du parcours : vallonnements un peu plus prononcés, mais aucune pente n’est supérieure à 15%.

Et ce petit jeu sur le chemin caillouteux se perpétue dans les chênes et les taillis jusqu’à la bifurcation des Pradelles, juste avant Flaujac-Poujols. Ici encore, vous l’aurez deviné, le Cami Ferrat ignore le village.

Nous sommes ici à 8 km de Cahors.

Une première ondulation est devant vous, mais on en devine d’autres, dans un horizon qui s’ouvre un peu. Le chemin se rapproche de Cahors, de combe en combe. Et si pour quelques moments de répit nous ignorions un peu les montagnes russes pour un peu plus de calme pour les genoux et les articulations, il n’y a qu’à demander. Ici une large avenue de terre battue vous dirige vers la Quintarde et La Marchande qu’on annonce au sommet de la colline. Encore une “gariotte” vous guette au début du chemin.
Le chemin se traîne au début un peu à côté d’une route où ne passe pour ainsi dire personne.
L’agrément, dans ces longues traversées solitaires en sous-bois, ou à leur limite comme ici, est qu’on devient à force sensible aux détails. D’autres n’en ont cure et laisseront plutôt leur esprit vagabonder. Mais pour beaucoup de marcheurs, l’esprit s’accoutume à ces scènes tranquilles où la nature étale son savoir-faire, beau ou plus commun comme ici. Les terrassiers romains de l’époque n’ont eu qu’à collecter les pierres autour d’eux pour armer le chemin. Elles ne manquaient pas, et ne manqueront sans doute jamais. Et tant pis, si la topographie de la région était accidentée. Il n’y avait qu’à suivre les faux plats et les collines. Monter, descendre, puis remonter et redescendre, le plus souvent à l’orée de la forêt. Jules César aimait sans doute à voir transiter ses troupes, à la limite des bois, pour pouvoir s’y réfugier au besoin.
Cependant, pour de nombreux pèlerins, ce genre de trajet, uniforme, sans surprise, monotone jusqu’à l’ennui, ne soulèvera pas l’âme. Ce sont tout de même près de deux kilomètres à avaler, répétitifs, d’un virage du chemin à l’autre. Ce n’est plus la magie du causse. Il n’y a qu’un avantage. Cela ne monte guère, mais le bout du vallon est toujours plus loin.
Plus haut, la situation évolue enfin. Les pierres sont de retour sur le chemin, la pente aussi. C’est comme si on retrouvait le causse.
Le chemin monte sur une petite colline pelée…
…puis il s’enfonce dans un petit sous-bois dense.
Encore un petite rampe et le chemin rejoint la Quintarde, qui offre chambres et table d’hôtes.
Depuis la Quintarde, une route monte au sommet de la crête.
Peu après, une route vous emmène au Chemin de la Marchande. Sur le Chemin de Compostelle, dès qu’on trouve une alternative à la route, on y va à coup sûr.
Entre la Quintarde et la Marchande, le parcours traverse à plat une zone de petites villas. La ville s’exporte à la campagne, comme partout. C’est le seul bout de chemin qui a modifié les plans de Jules César.
Au bout du chemin, c’est alors à nouveau le goudron, un carrefour de routes. La Marchande n’est pas un vrai village, plutôt une alignée de villas dispersées. Un panneau annonce le Chemin de Cabridelle.
A la sortie de La Marchande, le GR65 suit encore quelques instants la route goudronnée, avant de retrouver un chemin typique des causses.
Ici le paysage bascule drastiquement. Le chemin de Cabridelle, terreux et caillouteux, va se perdre et onduler sur de petits faux-plats, sur une crête pelée grandiose, où la végétation est fruste, avec ses chênes rabougris, ses genévriers, ses herbes folles et ses broussailles.
On en redemande à chaque détour du chemin, tant c’est somptueux.

Section 6 : En descente toute, vers Cahors, bijou du Lot.

 

Aperçu général des difficultés du parcours : descente sévère, à parfois plus de 25% de pente vers Cahors.

Sur la crête, grande est l’ordonnance des lieux, de quelque côté qu’on se retourne. C’est le majestueux Pech de Fourques qui domine Cahors.
Pas âme qui vive. Rien que la splendeur du silence interrompu parfois par les grillons. L’âme s’étend avec le regard.
Au bout de cette longue crête à vous combler de bonheur, le chemin pierreux aboutit sur une petite route goudronnée qui s’en va à plat sur le causse.
La route file sur la crête sur près d’un demi-kilomètre.
Puis l’horizon s’ouvre largement. La route commence à descendre sérieusement sur Cahors, où on voit au loin le pont de chemin de fer, et plus loin encore le pont de Valentré.
La descente est très raide avec une pente de plus de 25% par endroits.

Voici encore un monument éphémère à la gloire des pèlerins.

La route arrive au bas de la descente au Chemin du Pech de Fourques, près de la voie de chemin de fer, dans le quartier St Georges, banlieue de Cahors.
Le pèlerin gagne alors le pont Louis Philippe. Le Lot est à ses pieds, calme, tranquille.
Au bout du pont, il est à Cahors, au centre-ville.

Section 7 : A Cahors.

 

Cahors est la seule ville de moyenne importance qu’emprunte le chemin de Compostelle en France. La cité proprement dite contient 22’000 habitants, mais le grand Cahors près de 50’000. La ville, enfermée dans une boucle du Lot, est coupée en deux par le Boulevard Gambetta, le grand axe qui traverse la ville, avec sa place gigantesque, ses commerces. C’est sur ce boulevard que Cahors grouille d’activité et de monde.

Léon Gambetta (1838-1882), grand homme politique français sous la Troisième République est natif de Cahors. La ville confia au sculpteur Alexandre Falguières d’ériger un monument à sa gloire, sitôt après le décès du grand homme. La statue de Gambetta trône sur une gigantesque place au-dessus d’une fontaine.

La vieille ville est coincée entre le boulevard et le Lot, sur un des côtés de la boucle du Lot. L’autre moitié est plus moderne, moins intéressante. Le vieux Cahors est constitué de ruelles étroites et de petites rues commerçantes.
Au niveau des monuments, dans la vieille ville, la cathédrale Saint-Étienne, édifiée entre le XIème et le XIIème siècle, est inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO, au titre des chemins de Compostelle en France.
Elle est remarquable pour ses coupoles. Elle abrite la Coiffe du Christ, rapportée de Terre Sainte. Mais elle n’est pas la seule église dans le monde à disposer du divin couvre-chef !. L’intérieur est si sombre qu’il est impossible de le photographier avec une caméra convenionnelle. Nous empruntons ici une des deux images à Wikipedia Creative Commons ; auteur PMRMaeyaert.

Dans le cloître attenant, de style gothique flamboyant, des sculptures représentent des coquillards, des ivrognes et des musiciens.

Jacques Duèze (1244-1334), né à Cahors, devint pape en Avignon en 1316, sous le nom de Jean XXII.
C’est le frère de ce dernier qui reconstruisit la maison paternelle pour en faire un palais. Ce dernier fut démoli pour la réparation du Pont Neuf. Il en reste une magnifique tour, haute de cinq étages.

Cahors, c’est avant tout le majestueux Pont Valentré, aussi appelé pont du Diable, ou pont de Balandras, en occitan. Il fait bien évidemment partie du patrimoine mondial de l’UNESCO. Récemment, on lui a ajouté des vignes, pour bien marquer son appartenance au patrimoine viticole de la région, bien qu’il n’y ait aucune vigne, ou presque, à Cahors.

Le pont est un dos-d’âne de plus de 100 mètres de long, avec 6 grandes arches ogivales, de style gothique. Il est flanqué de trois tours carrées à créneaux et mâchicoulis qui dominent le Lot, à 40 mètres de hauteur.

Une légende court à Cahors sur la construction du pont. Les travaux n’avançant guère, le maître d’œuvre signa un pacte avec le diable, donnant son âme en gage. Et bien évidemment, le pont s’éleva avec rapidité. Pour sauver son âme, le chef des travaux demanda au diable de se munir d’un crible pour aller puiser de l’eau à la source des Chartreux. Tout malin qu’il fût, le Diable échoua dans son entreprise. Pour se venger, il vint toutes les nuits desceller la dernière pierre de la tour centrale. Et le jeu dura des siècles…En 1879, lors de la restauration du pont, l’architecte fit apposer dans l’emplacement vide, une pierre sculptée à l’effigie du démon. Et depuis, le démon demeure désespérément accroché au faîte du pont.

Logements

 



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Ici, nous changeons de site, pour continuer sur le parcours de Cahors à St Jean-Pied-de-Port…
Etape suivante : Etape 17: De Cahors à Lascabannes
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