05: Aumont-Aubrac à Nasbinals

Dans la majesté de l’Aubrac

 

DIDIER HEUMANN, MILENA DALLA PIAZZA, ANDREAS PAPASAVVAS

Nous avons divisé l’itinéraire en plusieurs sections, pour faciliter la visibilité. Pour chaque tronçon, les cartes donnent l’itinéraire, les pentes trouvées sur l’itinéraire et l’état du GR65. Les itinéraires ont été conçus sur la plateforme “Wikilocs”. Aujourd’hui, il n’est plus nécessaire d’avoir des cartes détaillées dans votre poche ou votre sac. Si vous avez un téléphone mobile ou une tablette, vous pouvez facilement suivre l’itinéraire en direct.

Pour ce parcours, voici le lien:

https://fr.wikiloc.com/itineraires-randonnee/de-aumont-aubrac-a-nasbinals-par-le-gr65-29772353

Ce n’est évidemment pas le cas pour tous les pèlerins d’être à l’aise avec la lecture des GPS et des cheminements sur un portable, et il y a encore en France de nombreux endroits sans connexion Internet. De ce fait, vous pouvez trouver sur Amazon un livre qui traite de ce parcours. Cliquez sur le titre du livre pour ouvrir Amazon.

Le Chemin de Compostelle en France. Via Podiensis: Du Puy-en-Velay à Cahors

Si vous ne voulez que consulter les logements de l’étape, allez directement au bas de la page.

Aujourd’hui, l’Aubrac est au menu. Qui peut résister à la fascination de l’Aubrac ? Depuis plus de mille ans, un vrai mythe s’est créé à partir des récits des pèlerins du Moyen-âge assaillis par les bourrasques de neige, attaqués ou dévorés par les loups. Quand on interroge les pèlerins d’aujourd’hui sur l’étape la plus marquante du parcours, ils vous diront presque à coup sûr : l’Aubrac. L’appel irrésistible de ce pays frappera quiconque traversera ses prairies infinies. Le parcours s’en va direction sud-ouest dans la steppe nue. Aujourd’hui, l’étape se passe exclusivement dans le département de la Lozère. Le parcours croise l’autoroute A75, La Méridienne, sans doute la plus belle autoroute du pays (et en plus gratuite !) qui relie Clermont-Ferrand dans le nord à Montpellier dans le sud. Sur 26 km, le parcours traverse une grande partie du plateau de l’Aubrac.

L’Aubrac est un plateau d’altitude, une steppe herbeuse à l’extrémité ouest de la Lozère. Les éruptions volcaniques de la fin du Tertiaire ont façonné des landes vertes avec des rochers de granit parfois érodés, parmi le bétail. C’est la terre du silence. C’est aussi le pays des “burons”, huttes aux toits de bardeaux, rappelant les temps anciens où les bergers se réfugiaient pendant les périodes d’été et de transhumance. Dans ce paysage de landes et de prairies, l’œil regarde plus profondément sur les collines. Le paysage peut sembler monotone au premier point de vue. Ce n’est pas ainsi. Les légers reliefs et la lumière changeante modifient constamment le paysage. Le manque de forêts en fait un lieu ouvert où la vue embrasse l’horizon à 360 degrés. Les bosquets, les rochers de granit, les ruisseaux, les fermes isolées et les “burons” sont les seuls points de repère. L’Aubrac concentre l’essence des caractéristiques recherchées par les pèlerins et les promeneurs: le calme, le silence, l’omniprésence des pâturages et du bétail. Il est presque entièrement dépourvu de références contemporaines à la société. Il y a très peu de lignes électriques, de pylônes, de panneaux ou de routes. Les villages et hameaux sont morcelés. Les maisons modernes ne poussent pas ici.

Difficulté du parcours : L’étape est sans difficulté, mais rarement plate, sur un plateau ondulant à plus de 1000 mètres d’altitude, dans un paysage désolé mais grandiose, avec des dénivelés faibles (+448 mètres/-301 mètres). La seule difficulté du jour, mais c’est très relatif, est la montée au Roc des Loups avant Rieutort. Ici le sentiment de solitude pousse à la rêverie ou à la méditation. C’est un pays presque sans fin, jamais monotone, où de petits ruisseaux dessinent des méandres, sans destination précise.

Dans un si beau pays, par bonheur, les trajets sur les chemins dépassent les trajets sur route :

  • Goudron : 11.7 km
  • Chemins : 15.1 km

Parfois, pour des raisons de logistique ou de possibilités de logement, ces étapes mélangent des parcours opérés des jours différents, ayant passé plusieurs fois sur la Via Podiensis. Dès lors, les ciels, la pluie, ou les saisons peuvent varier. Mais, généralement ce n’est pas le cas, et en fait cela ne change rien à la description du parcours.

Il est très difficile de spécifier avec certitude les pentes des itinéraires, quel que soit le système que vous utilisez.

Pour les vrais dénivelés, relisez la notice sur le kilométrage sur la page d’accueil.

Voici un exemple de ce que vous trouverez. Il suffit de prendre en compte la couleur pour comprendre ce qu’elle signifie. Les couleurs claires (bleu et vert) indiquent des pentes modestes de moins de 10%. Les couleurs vives (rouge et brun foncé) présentent des pentes abruptes, le brun dépassant 15%. Les pentes les plus sévères, supérieures à 20-25%, très rarement plus, sont marquées de noir.

Section 1 : En montée vers le plateau de l’Aubrac.

Aperçu général des difficultés du parcours : de la vraie balade, excepté quelques pentes un peu plus marquées avant de passer l’autoroute.

 

La notoriété de l’Aubrac pourrait laisser croire qu’il s’agit d’un seul et unique plateau. Ce n’est pas le cas. La montée sur le plateau se fait progressivement, tout comme la transition des paysages. Au départ, les paysages sont assez voisins de ceux de la Margeride. Une multitude de petits bosquets ponctue les coteaux, donnant au pays un caractère bocager.

C’est souvent au petit matin que les pèlerins quittent Aumont-Aubrac, car l’étape est longue si on entend aller jusqu’à Nasbinals. Aujourd’hui, nous sommes par une claire journée du début de l’été. Le GR65 descend du village pour passer sous la voie ferrée.

Il suit alors la route goudronnée qui conduit aux lotissements sur le sommet de la colline.
Plus haut, le GR65 quitte la route pour un chemin de traverse. Le jour se lève de plus en plus sur les prairies et les forêts de pins qui couronnent le haut de la colline.
L’étroit chemin de terre blanche grimpe à plus de 10% entre les prairies et les haies de pins, de genévriers et de genêts.
L’office de tourisme a peut-être placé un cheval ici pour faire le décompte des pèlerins qui passent.
Au sommet de la colline, Aumont-Aubrac a étendu un réseau de petites villas, qui donnent sur des paysages d’une beauté exquise.
Encore quelques villas au sommet de la colline, avant de quitter le goudron pour un large chemin de terre battue qui s’en va franchement dans la campagne, à la limite des sous-bois de pins.
Le GR65 entre un peu plus dans une sorte de grand bocage, avec ses haies de pins, de genévriers et de genêts, qui se simplifie assez rapidement et s’interrompt au profit de petits bosquets. Puis quelques ronflements sporadiques de moteurs troublent la sérénité et le calme des lieux, car le chemin se rapproche de l’autoroute. C’est assez bruyant aujourd’hui, jour de départ en vacances.
La Méridienne n’est pas une autoroute comme les autres. Pas de péage, c’est l’autoroute du plaisir, qui chemine au gré des envies de découvrir un pays hors du commun. A travers des forêts clairsemées, on traverse l’autoroute sous un tunnel, appelé ici le “St Jacques duc”. Au-dessus, grondent les lourds camions et les voitures. A l’intérieur, une galerie assez discrète de graffiti, pour une fois.
A la sortie de l’autoroute, un large tapis, d’abord blanc puis ocre, plat comme la main, déroule sa mélancolie rectiligne. Les moteurs de l’autoroute s’estompent et le pays se fait silence. On entend à peine le pas des marcheurs frôlant la terre battue, le long des haies de pins ou parfois d’épicéas. Les feuillus ont presque entièrement disparu du décor, le long des champs où pousse le triticale, l’avoine et le blé de printemps.
On entend alors des meuglements forts dans les prairies. Ce sont des voix de basses, de mâles. Les Aubrac sont déjà à l’ouvrage et le taureau piaffe d’impatience, en hurlant à qui mieux mieux. Pourquoi ? On l’apprend vite. Un paysan arrive au pas de charge, armé d’un gros bâton. Il a égaré son taureau, un énorme limousin. Il ne comprend pas pourquoi, son taureau étant d’habitude assez réservé. Mais voilà, ces énormes bêtes sautent parfois sur les barbelés, qui doivent les effleurer à peine. Vous dire que par la suite, nous nous sommes efforcés de repérer les éventuelles sorties sous les barbelés pour devoir éviter la bête, au cas où.
Le chemin est large, lisse, et descend en pente légère, le long des futaies de pins, au milieu des troupeaux.
Le long de ces rectilignes où la terre n’est que sable, parfois un feuillu, ou un épicéa trouble l’alignement des pins. Quand les taureaux cessent leurs cris, il n’y a plus que le silence et la solitude.
Le paysage est presque divin ici. Jusqu’à La Chaze de Peyre, la forêt est encore omniprésente. Ce sont les derniers sursauts de la Margeride, avec ses futaies de pins élancés, dans les bosquets épars des Devèzes et des Brugères.
Les paysages changent bien évidemment en fonction des saisons ou de la lumière. Voici, quelques images prises au printemps. Près d’une fontaine à l’eau fraîche, on a entassé les branches qui font comme des huttes d’indiens.

Section 2 : Encore quelques bosquets avant la lande dénudée.

 

Aperçu général des difficultés du parcours: parcours sans aucune difficulté.

 

Le décor fait encore nettement Margeride. Pourtant, dans les trouées du paysage, l’Aubrac se laisse parfois deviner. Du moins le vrai Aubrac, le pays des landes et des pâturages, où les bosquets ne sont plus que quelques îlots barrant l’horizon. Le paysage hésite encore entre les bosquets et les vastes pâturages. Parfois s’étalent dans un horizon lointain de vastes prairies où le vert chante de belle tonalité.

Le chemin arrive bientôt au bas de la descente et le GR65 trouve, près d’une croix de granite patinée avec le temps, une petite route qui part à angle droit.

La route traverse une petite plaine, plutôt un grand marécage où suintent les eaux du ruisseau de la Roche, de manière désorganisée. Au lointain, les cris stridents et sourds des taureaux recommencent. Notre paysan aurait-il récupéré son limousin égaré ?

La route monte alors en pente douce vers La Chaze-de-Peyre, dont on voit poindre le clocher du village.

Elle gagne rapidement les premières maisons du village.

Retournons un peu à la civilisation. Les maisons, dont de nombreuses sont faites de moellons de pierre, se cachent pudiquement sous le campanile qui pointe sa flèche vers le ciel. L’église du XIIème siècle, accolée à un bâtiment, rénovée par la suite, est remarquable pour son clocher octogonal avec ses cloches scintillant sous les lauzes. Tout est granite ici.

Un ancien four communal est présent sur la place du village. Pour peu, on sentirait encore le pain chaud. Voulez-vous une preuve, il y a encore des braises dans le foyer.

Dans tous ces hameaux et villages de la région, les signes religieux font partie du quotidien des gens. Le GR65 quitte le village sur une petite route goudronnée presque rectiligne, sous les pins et les frênes, au milieu des genêts.

La route sillonne les prés et les champs de triticale et d’avoine. Devant soi, on aperçoit bientôt la chapelle solitaire de Bastide, et les maisons de Lasbros en arrière-fond.

Au bout de la rectiligne qui n’est pas éternelle, se dresse dans un carrefour improbable la minuscule et solitaire chapelle de Bastide, appelée ainsi car la famille de Bastide Grandviala avait donné des deniers pour en réparer les murs. Primitivement dédiée à la Ste Croix, l’édifice est aujourd’hui consacré à Ste Marie de la Salette. On ne pénètre que rarement dans les chapelles du Chemin de Compostelle. On peut cependant ici y pénétrer et s’attarder sur la nef en berceau, les moellons des murs. Le pèlerin peut se recueillir et implorer Notre-Dame de la Salette, celle-là même qui apparut en 1846 à deux petits bergers à La Salette, dans les montagnes du Dauphiné.

Près de la chapelle se dresse une colonne de granite en souvenir d’un chanoine de la région.

Sitôt passé la chapelle, le GR65 emprunte une bande de terre, le long de la D987 pour gagner Lasbros. La circulation est loin d’être effrénée en Aubrac. Il est fort à parier qu’un jour les organisateurs du chemin réussiront à faire passer le chemin dans la campagne, quand ils auront reçu l’accord des paysans du coin. Il en est toujours ainsi sur le Chemin de Compostelle, qui ne sera jamais immuable. Ici les feuillus ont remplacé les conifères.

La route gagne Lasbros, dont la partie basse est un magnifique hameau, compact, gris clair, avec ses maisons lourdes et robustes, faites de pierres taillées dans le granite, avec parfois quelques additions de roches volcaniques, avec ses fenêtres basses et étroites, qui permettent d’observer sans être aperçu. Les gens de la campagne sont ainsi faits. On peut se loger au village.

Ici le GR65 se contente de longer la départementale et ses nombreux gendarmes couchés.

En quittant Lasbros, où on peut aussi se restaurer, le GR65 quitte rapidement la départementale, et descend un peu en sous-bois sur le goudron.

Vous aurez peut-être eu le sentiment qu’on avait définitivement quitté les feuillus pour les pins. Ici ce n’est pas vrai, et les hommes ont sans doute plantés d’autres espèces. Les arbres souvent aiment se tenir compagnie. Si les pins aiment vivre isolés, les feuillus préfèrent la vie de groupe. Dans le sous-bois, on trouve en abondance de grands arbres, dont des chênes, des châtaigniers, des érables de Montpellier, des érables champêtres, ou encore quelques noisetiers et de la charmille.

Section 3 : Vers Les Quatre Chemins, un ancien lieu mythique du chemin de Compostelle.

 

Aperçu général des difficultés du parcours : parcours sans aucune difficulté.

 

Un chemin de terre remonte de l’autre côté vers la fin du sous-bois, dans les feuillus.

Le chemin est large, peu caillouteux, une véritable avenue sous les feuillus, le long des prairies bardées de pieux tendus de fil de fer barbelé.

Allons-nous enfin pénétrer dans la vraie magie de l’Aubrac que tout le monde annonce ? Pas encore, patience ! La route de terre battue continue sa progression entre les feuillus, mais les pins se font à nouveau plus présents. A l’horizon, ce n’est pas encore la lande, mais plutôt ces grandes et belles prairies typiques de la Margeride, où paissent les Aubrac, dont la robe peut varier du blanc au brun, et qu’interrompent de petits bosquets.

Plus loin, le chemin passe le ruisseau discret de Riou Frech, et continue sa progression, entre pairies, champs d’avoine et de triticale.

Et pourtant le paysage change progressivement. Les landes diversifient localement les lieux. L’émergence du granite se lit au nombre de murets de pierres sèches qui délimitent des espaces, parfois grands comme de mouchoirs de poche. Les pentes sont entrecoupées de petits bosquets de pins et de feuillus dont le rythme se dilue à mesure que l’on monte sur le haut plateau. C’est alors que le paysage s’ouvre, avec le sentiment de passer dans une île sous le vent, au milieu des myrtilles, des buis et des genévriers. Une douce flagrance s’exhale des haies. Il y a dans l’air un capiteux parfum de senteurs de résine, d’aubépines et de mousses.

Bientôt, nous arrivons aux Quatre Chemins, chez Régine, dont la devanture est désormais tirée. Régine nous a quittés en février 2020. La nouvelle a suscité une forte émotion chez tous les amoureux des chemins d’Aubrac, chez les pèlerins qui ont passé des heures inoubliables ici, chez tous ceux qui apprendront un jour la triste nouvelle. Un écriteau accroché derrière les persiennes fermées nous envoie un message de Régine de l’autre côté des cieux.

Les Quatre Chemins, c’est un carrefour avec un petit café, sur les bords de l’Aubrac. Le café était tenu par Régine. Les camionneurs, les pèlerins et les marcheurs s’arrêtaient souvent ici. Les personnes qui ont passé ici il y a plusieurs années ne reconnaîtraient pas l’endroit. Le bâtiment a brûlé en 2011 et a été reconstruit depuis.

Régine était un peu la maman du Chemin de Compostelle dans sa taverne surréaliste. Ici, c’était un peu Bagdad Café. Appuyés sur le comptoir, de solides camionneurs, des paysans du coin vous regardaient sous leurs sourcils épais, en sirotant un coup de blanc dans d’épais nuages de fumée. Apparemment ici, l’interdiction de fumer ne s’appliquait guère. Par contre, il était interdit de faire des mots croisés aux toilettes ! Régine était chaque jour un peu plus courbée, toujours plus maigre. Lors d’un dernier passage, elle avait repris son éternelle Winston qu’elle tenait toujours collée au bout des lèvres. De temps en temps, elle quittait la conversation au bout du bar. Parfois, les poules entraient dans la cuisine. Régine n’en avait cure. Sur le chemin, elle avait ses ardents supporters, mais aussi de nombreux détracteurs. Et alors ? Lorsque sa maison était partie en flammes, des pèlerins n’avaient pas hésité à lever une souscription pour reconstruire sa nouvelle maison.

Puisse la môme Piaf de l’Aubrac nous aider du haut des nuages dans notre long voyage.

Quelques centaines de mètres sur le goudron après les Quatre Chemins, une barrière sur l’invisible, et le GR65 s’en va découvrit l’Aubrac.

Un panneau indicateur vous indique Finieyrols à plus de 5 kilomètres d’ici, presque au bout du plateau de l’Aubrac, pour les randonneurs. Un étroit chemin s’en va alors dans les herbes folles, comme s’il fallait encore dissimuler un peu l’Aubrac du regard.

Section 4 : Dans la majesté de l’Aubrac.

 

Aperçu général des difficultés du parcours : parcours sans aucune difficulté.

 

A partir d’ici, c’est vraiment l’Aubrac, avec ses arbres rares, ses genêts verts au début du printemps ou en automne. Passez ici en mai ou en juin, ils seront jaunes. Le sol est souvent jonché de vielles souches décharnées, près desquelles les vaches broutent en silence dans des terres souvent inondées en cas de printemps pluvieux. La terre battue du chemin cède souvent sa place à l’humus frais et humide.

Le chemin se rétrécit souvent nettement dans la lande. Tout semble éternel, mais vivant au-delà de l’espace même. Jusqu’au XIIème siècle, les moines furent presque les seuls, des pionniers, à s’occuper de l’agriculture. Emportés par leur zèle, désireux de fuir la corruption ambiante, ils se retirèrent dans des lieux solitaires, dans des contrées malsaines, truffées de brigands de grand chemin, de marais ou de bêtes féroces. Ils défrichèrent les forêts, labourèrent de leurs mains les terres incultes, engraissèrent les sols.

Bien évidemment, les paysages ici varient au cours de l’année. Si vous passez au printemps, vous verrez des champs de jonquilles, de narcisses et de gentianes jaunes, et des centaines de fleurs sauvages. La lande tachetée de rares bouquets de pins est sillonnée de ruisselets, dans un terrain parfois très marécageux. Parfois dans les marais, de grands troncs d’arbres noircis par leur séjour séculaire dans la boue rappellent qu’ici la forêt a été totalement détruite, à moins que les hommes se décident un jour à redonner à la région son ampleur sylvestre. Lorsque la forêt s’en va, il est des monts dont la cime s’abaisse, qui s’en vont mourants chaque jour un peu plus. Il en est d’autres que leur nudité n’a point enlaidis, qui sont encore plus nobles. Ainsi est fait l’Aubrac. Mais chaque saison a son charme dans cet univers hors du commun. Et toutes ces vaches qui ne pipent pas mot, mais qui n’en pensent pas moins à voir défiler tous les jours des randonneurs et des pèlerins ployés sous leur lourd sac.

Le chemin atteint bientôt le ruisseau de la Planette, dont les eaux maigres s’infiltrent dans le sol poreux comme une éponge. Ici il ne fait pas bon s’aventurer dans la lande. D’ailleurs les vaches n’y vont pas.

Les organisateurs du chemin ont construit ici des ponts solides pour franchir la zone. Jadis, il était facile de s’embourber.

Peu après, le chemin s’extirpe des marécages, pour un univers plus varié, un peu plus boisé, avec parfois des souches qui périssent de leur belle mort au pied des pins.

Alors l’Aubrac s’ouvre enfin dans de vastes pâturages qui dominent le paysage. Ici et là, des pieux ou de petits murs de pierre animent un paysage jamais monotone. Et le chemin traverse les murs de pierre et de barbelés. De tous les côtés, la vue est incroyable sur les pâturages, les bois ou les “burons”, ces cabanes des bergers, perchées sur les collines.

Dans cet univers de majesté et de solitude nue, où la magie opère, les épilobes jettent des tâches violettes sur l’aridité jaunie des pâturages et de la lande.

La nudité a toujours quelque chose d’inquiétant et d’excitant. Parfois le paysage s’habille de bois de pins pour paraître moins nu. Ne croyez pas que l’Aubrac n’est fait que de mouchoirs de poche entourés de murets, comme on a tendance à le monter dans les guides. Il y aussi de vastes espaces où on fait les foins. Comme dans les alpages des Alpes.

Chemin faisant, une direction est indiquée pour le hameau de Prinsuéjols, à quelques kilomètres d’ici. Mais le chemin n’y va pas, se contentant de longer le bois de pins. N’est-il pas attirant ce petit bois, pour y faire la sieste ou piqueniquer? Oui, mais pour y aller, il vous faudra franchir les barbelés, comme à la guerre. Périlleux exercice, que nous avons eu maintes fois le privilège d’effectuer dans des sorties plus secrètes des chemins d’Aubrac.

Parfois, sur le chemin, il faut même pratiquer un peu d’escalade. Jadis, quand le chemin traversait les enclos, on se contentait d’ouvrir et de refermer une barrière de bois amovible. Est-ce que le bétail ne jouait-il pas au même jeu? Aujourd’hui, il faut apprendre à monter et à descendre l’échelle, un exercice plus délicat pour les nombreux retraités du Chemin de Compostelle, et pour le bétail, bien évidemment.

Le chemin de terre ou herbeux va bientôt progresser sur de légers faux plats montants, le long des pieux de granite, en longeant le ruisseau des Jasses. Ici ce ne sont pas de vrais ruisseaux, plutôt de l’eau qui sort quelque part, dont on ne connaît ni l’entrée, ni la sortie. En Aubrac, le bétail est parqué dans des pâturages bardés de fil de fer, plantés sur de gros blocs de granite. On ne s’évade pas facilement. Alors songez à l’air de supériorité que doit témoigner le bétail qui a eu la chance d’hériter de lieux bien irrigués.

Aujourd’hui, l’équipement est ad hoc pour traverser cette zone marécageuse.

Alors revenons quelques années auparavant, quand il était plus sportif d’affronter ce type d’écueil, quand il fallait apprendre à les traverser. Un troupeau d’Aubrac goûtait aux plaisirs du ruisseau. La vache, les pieds dans l’eau, se contenta de narguer du coin de l’œil une pèlerine qui eut peu de chance. La vache doit en rire encore.

Et puisque nous sommes dans le passé, voici encore des péripéties qui se produisent parfois. Seules les clôtures, difficilement franchissables, limitent la liberté du randonneur. Pour les vaches aussi, même si ici un taureau s’est évadé. Ce mâle placide et inoffensif, se demande encore comment il a réussi à passer sur les barbelés de la clôture.

Plus loin, le chemin devient plus caillouteux, monte un peu, mais si peu, le long des blocs de granite. En Aubrac, plus on monte, plus le granite devient plus abondant. Là-haut, sur les collines pointent les “burons” comme de petits clochers. On construisait presque toujours ces modestes maisons de pierre sur les collines, peut-être pour avoir une vision plus étendue des troupeaux en dessous.

Au début de l’été, les fleurs ont nettement disparu du plateau de l’Aubrac. Si, au printemps, les jonquilles, les narcisses et les orchidées forment de vrais parterres dans le pays, des grandes fleurs ne subsistent guère en été que des épilobes, des renoncules, des anémones et surtout des gentianes jaunes. Ces grandes fleurs, avec des racines puissantes sont le fleuron de l’Aubrac, avec la racine desquelles on fabrique une excellente liqueur, moins alcoolisée que sa cousine des Alpes, la gentiane bleue. Mais, on ne les cueille pas toutes. Les gentianes jaunes peuvent vivre jusqu’à 50 ans.

Quel charme indicible que procurent ces troupeaux de vaches vivant en liberté dans une nature intacte ! Ici une mère allaite son veau.

Jamais d’ombre, jusqu’à atteindre la ferme des Gentianes, et un peu plus loin Finieyrols que l’on aperçoit sur la colline.

Incroyable sentiment de calme, de liberté, d’immensité, d’infini, voilà le haut plateau de l’Aubrac. C’est un espace vide mais qui cache tant de richesses. Cependant, le bétail n’est pas toujours à l’abandon. Même si l’eau est relativement limitée sur le plateau, on dispose parfois une petite aide à ces vaches qui passent le plus clair de la journée à se prélasser dans l’herbe.

 

Section 5 : Vers le Roc des Loups, au sommet du monde.

 

Aperçu général des difficultés du parcours : la balade, encore et toujours. La seule difficulté, mais elle est mineure, c’est le Roc des Loups.

 

Plus loin, le chemin reste encore un peu le long des murets de granite et les barbelés dans la lande sauvage, avant de trouver bientôt un peu de d’ombre sous les frênes et un semblant de civilisation, si rare dans le pays.

Le chemin rejoint bientôt une petite route goudronnée près d’une belle croix de fer plantée dans un socle de granite.

Une belle maison de pierre se dresse sous les arbres, et la petite route rejoint la ferme des Gentianes, où on peut se loger sous les arbres du parc.

Une petite route goudronnée conduit des Gentianes à Finieyrols. Chemin faisant, un mémorial rappelle le destin de Louis Dalle (1922-1982). Interné au camp de Buchenwald, puis devenu prêtre, il passa le reste de sa vie comme missionnaire au Pérou.

Le plateau de l’Aubrac est une place de grande solitude, une immense steppe. Il y avait ici autrefois des forêts. Les moines les ont arrachées il y a fort longtemps, pour protéger les pèlerins des voleurs et des loups qui rôdaient dans le pays. Aujourd’hui, le plateau est presque dénudé. Les murs de pierre et les fils de barbelés, parfois grignotés par les orties et les ronces, en sont toute la poésie. Le paysage est fascinant, dans toutes les directions. C’est un peu comme être au sommet du monde, dans la lumière et l’air pur.

L’enchantement a son pic au printemps lorsque les champs sont couverts de tapis de fleurs sauvages. Un jour, ce sont les dents-de-lion et les jonquilles, Un autre jour, ce seront les orchidées, les violettes, les narcisses, l’arnica, les anémones et les gentianes. En automne, il ne reste guère que les fûts des gentianes jaunes, la bruyère et les genêts verts. Voici Finieyrols au printemps.

 

La route passe bientôt à Finieyrols, un bouquet de grosses bâtisses de pierre, qui abrite entre autres la maison de naissance de Louis Dalle, aux volets clos. On trouve aussi à se loger et à se restaurer ici, sur une terrasse, souvent bien fréquentée.

C’est à partir de Finyeirols qu’une montée un peu plus pentue, la seule réellement de la journée, conduit le marcheur sur un sentier caillouteux à travers les pâturages et les rocs de granite au point le plus élevé de la journée. Pourtant, la montée se pratique en paliers, avec même une descente intermédiaire. Au départ, la montée n’est pas sévère. Les frênes ont pris le pouvoir sur la colline, avec parfois un peu de charmille et des érables champêtres.

Plus haut, la pente se stabilise au milieu des champs des genêts et des fleurs sauvages.

Dans ces décors de carte postale, l’œil se perd sur les petits blocs de granite éparpillés sur la lande rase jusqu’au sommet de la colline.

Puis le chemin redescend pour passer le ruisseau de Peyrade, au fond d’un petit vallon.

Alors s’étend devant vous, derrière les épilobes, le Roc des Loups, avec le chemin qui serpente le long des petits blocs de granite qui jouent avec la colline.

Sur une inclinaison à plus de 10%, de gros blocs de calcaire, éculés par les siècles, barrent un gracieux chemin qui s’en va dans les bruyères et les genêts sur la terre ocre.

L’Aubrac, comme on l’aime…

Attendez que la vidéo se charge.

La montée n’est ni trop longue ni trop sévère. Si vous passez ici le moment opportun, vous pourrez goûter à la saveur des myrtilles sauvages, bien plus petites que celles que vous trouvez dans vos commerces favoris.

Au sommet de la colline, c’est le Roc des Loups, 1273 m, où un gros bloc de granite se permet de diviser l’univers en deux. De la cime on contemple l’infini.

L’Aubrac est un piédestal de granite à mille mètres en moyenne au-dessus des mers. Sur ce piédestal, pointent parfois des cônes de basalte, témoins des activités effrénées de Vulcain et d’Héphaïstos dans le passé. Mais c’est surtout du granite qui pointe ici. Le pèlerin chemine ici dans les périodes heureuses de l’année. Il n’a donc pas loisir de mettre sous sa pupille les herbes fouettées pendant huit mois de l’année par les vents glacés et la neige. C’est ici la Sibérie de l’Aubrac, blanche de neige d’avril à octobre, là où souffle la bise abominable, là où s’égarèrent, les yeux brûlés par le froid, tant de pèlerins du Moyen-Âge, sauvés par bonheur par le tintement de la cloche de l’église de Notre-Dame des Pauvres à Aubrac.

Le paysage est tout aussi saisissant, majestueux de l’autre côté du Roc des Loups. Un œil averti identifiera par temps clair, comme en toile de fond sur l’horizon, les montagnes neigeuses du Massif Central.

 

Le chemin musarde alors un peu sur la crête, dans les pâturages de la lande, au milieu des petits blocs de granite ou le long des murets de pierre bardés de fil de fer rouillé.

Puis il descend de l’autre côté de la colline, d’abord par un même chemin fourré de grosses pierres, puis plus bas par un large chemin de terre se faufilant dans l’espace infini quadrillé par les murets de pierre.

L’Aubrac c’est encore cette adorable race de vaches qui trouvent que l’herbe est meilleure là où passent les pèlerins.

En Lozère, les accidents volcaniques qui ont étalé un tapis de lave chaude sur le massif granitique froid ont souvent changé la structure intime du relief. Mais ils se sont arrêtés sur le plateau où coulent le Bès et la Truyère, laissant au seul granite tout le plaisir de garder sa place, si ce ne sont quelques scories volcaniques qui traînent de ci de là. Mais le calcaire a parfois aussi étalé sur le massif par les océans.

Le chemin, en s’élargissant progressivement, retrouve assez vite le bas de la colline.

Le chemin alors retrouve le ruisseau de la Peyrade, encore un ruisseau qui semble ne venir et aller à nulle part.

Section 6 : Pour rejoindre le Bès, la petite rivière de l’Aubrac.

 

Aperçu général des difficultés du parcours : la balade, encore et toujours, sauf en montant vers Montgros.

Après quelques marécages, revoici l’asphalte, dont on ne peut dire ici qu’il dénature le paysage. L’œil se promène dans la lande avec tant de délectation que l’on oublie même où on pose le pied. Partout, ce sont de gros blocs de granite adossés au bitume, ou dispersés dans les prairies.

La route mène vers les maisons de pierre aux toits d’ardoises de Rieutord. C’est un village austère, enraciné dans le granite. On comprend vite que les maisons massives sont prêtes à lutter contre tous les vents, contre toutes les tempêtes, de neige à neige, d’un hiver au prochain hiver.

Ici aussi, le traditionnel “travail” à ferrer les bœufs trône sur le “couderc” du village.

A Rieutort, un choix s’impose. Le chemin aujourd’hui traditionnel, le GR65, gagne Nasbinals, via Montgros. La variante, le GR65A, l’ancien chemin de pèlerinage, ne va pas à Nasbinals. Elle passe à Marchastel, Lac Saint-Andréol, puis Aubrac, ou même directement vers St Chély d’Aubrac. Si vous aimez le fromage, il est encore une raison qui vous fera sans doute choisir cette variante, du moins un bout, car à Marchastel, vous pouvez déguster à l’auberge un plateau de fromages digne des rois.  

Les mauvaises langues disent ici que le parcours du “Chemin de Compostelle“ n’est que question de politique commerciale. Nasbinals ne se serait jamais développé autant sans le passage du chemin. N’oublions pas que le Chemin de Compostelle est une manne salvatrice pour tous ces petits villages. Mais ce n’est pas vraiment la raison. Le GR65 traverse des zones marécageuses qu’il faut protéger. Dès lors, aujourd’hui, ce parcours n’est plus en usage et des barbelés le long de la route empêchent son accès. Mais que ceci ne vous empêche pas d’aller jusqu’à Marchastel.

Nous reviendrons plus loin sur le chemin traditionnel. Pour le moment, embarquons sur la variante. Le GR65A sort de Rieutort et part sur une petite route en montée sur 2 km jusqu’à Marchastel, sous une petite colline que l’on devine aisément sur le plateau de l’Aubrac.

Marchastel, comme de nombreux villages de l’Aubrac qui se respectent, se remarque par ses maisons de granite massif, sa fontaine. Vous ne serez sans doute pas très étonné qu’ici aussi on ferrait les bœufs autrefois.

Les amoureux de la bonne chair ne perdront rien à faire le détour de Marchastel. A l’auberge du coin, les fromages de l’Aubrac sont un vrai régal. Vache, brebis et chèvre se disputent la place sur l’immense plateau, sans doute le must de ce que l’on peut déguster dans le pays. Extraordinaire!

Voici quelques images de la nature vierge prise à une époque où il était possible de suivre la variante au-delà de Marchastel.

A Marchastel, vous pouvez aussi rejoindre le GR65 au pont sur le Bès, près de la Grange des Enfants, en descendant un petit chemin sous le village.

Bien évidemment, les pèlerins, pour la très grande partie, soit qu’ils ne soient pas au courant de la variante, soit qu’ils n’aient pas envie de fromage, suivent le GR65 traditionnel à partir du “couderc“ de Rieutort. Mais rassurez-vous, le parcours est presque aussi majestueux que sur la variante. Un peu moins sauvage, oui, car c’est du goudron. C’est une petite route qui quitte le village sous les grands frênes, les érables et les chênes. Les arbres sont des géants ici, un grand contraste avec la steppe rase de l’Aubrac.

Rapidement, on retrouve toute l’infinité du pays, les petits murets de pierre, les pâturages ras. Le regard se perd avec délice sur les blocs de granite dispersés dans la nature, les minuscules bosquets de pins au pied des collines.

Des troupeaux de vaches paisibles, tout près ou haut loin, des “burons” ou des maison isolées sur les collines, rien ne manque ici au menu ordinaire de l’Aubrac.

Le panorama est grandiose, exceptionnel. Parfois même la mousse essaie de survivre sur les plaques de granite.

Vous aurez de la difficulté à trouver ailleurs sur le Chemin de Compostelle des paysages avec autant de majesté qu’ici. Ne soyez pas surpris par la couleur du décor. Il nous arrive parfois d’utiliser des images provenant de divers passages que nous avons faits sur le chemin. Et souvent, la lumière éclaire de manière diverse le paysage.

La route descend en douceur jusqu’à enjamber le Bès, sur un magnifique pont de pierre, bâti au XVIème siècle, parfois appelé “pont de Bukinkan“, par analogie avec Buckingham, les Anglais étant passés autrefois dans la région. La petite rivière, claire et paisible, draine tous les ruisseaux de la région. C’est aussi ici que vous arriverez en redescendant de Marchastel.

Au pont sur le Bès, le GR65 trouve une petite départementale qui part vers Nasbinals, en passant par Montgros. Tout près du pont, à la Grange des Enfants, on trouve à se loger, dans une belle et grande bâtisse, perdue au milieu de nulle part, sans doute une des plus fascinantes demeures de l’Aubrac.

Après avoir transité une centaine de mètres sur le goudron, un large chemin caillouteux monte sec, mais de manière brève, dans la lande, sous le village de Montgros.

Puis momentanément, la pente se calme un peu, et alors la nature paraît moins sauvage, presque civilisée, avec parfois des embryons de champs que l’on devine, car on se rapproche du village. Plus haut, le GR65 rejoint une petite route qui monte vers le village.

C’est souvent, dans ces endroits où la pente se fait plus sévère, que l’on voit les randonneurs et les pèlerins qui s’agglutinent les uns derrière les autres, comme les camions à la montée. Le reste du temps, les pèlerins sont dilués dans la nature.

Section 7 : En route pour Nasbinals.

 

Aperçu général des difficultés du parcours : quelques pentes sur un parcours sans problème.

 

Montgros est encore un de ces beaux hameaux compacts, enroulés autour de ces incroyables monuments à ferrer les bœufs. Montgros offre également un logement très remarquable.

Dès que l’on quitte Montgros, les arbres réapparaissent dans le paysage. Ici encore s’étendent de verts pâturages, le long d’un chemin souvent très caillouteux.

Si les abords du chemin qui monte assez sérieusement par endroits, ne déclenchent pas l’enthousiasme, plus loin, c’est le calme souverain de la pleine campagne, la rigueur géométrique des champs cultivés, la solitude tranquille du bétail qui broute derrière les barbelés.

Le chemin arrive bientôt au sommet de la colline, avec des genêts omniprésents et des ronces sur les buttes, près d’une petite croix. Tout est granite ici: les croix, les maisons, les fontaines.

Et bientôt, c’est Nasbinals qui se profile au bout de la route.

Le GR65 arrive alors sur la route départementale, à l’entrée du village, après avoir rendu hommage à un accordéoniste local, un ancien maire de Nasbinals.

Nasbinals, le point névralgique de l’Aubrac, est un petit bourg (moins de 500 habitants) avec ses maisons de granite et de basalte, entortillées autour de l’église.

L’église Ste Marie, datant apparemment du XIème siècle, rénovée par la suite quand les anglais occupaient le pays, possède un très beau clocher octogonal. L’église, de style roman, est belle et sobre.

Sur le parvis de l’église, on trouve un remarquable sol incrusté de coquillages. On aime à rappeler que le bourg est un must des chemins de Compostelle, même si bien évidemment, on ne possède aucune information du passage du chemin ici, d’autant plus que la variante du GR65a, le chemin de jadis (mais quand ?) évite le village.

Un petit ruisseau traverse un bourg sillonné par une armée de marcheurs qui ont déposé leurs gros sacs dans les auberges et les gîtes, ou qui vont le faire, et qui souvent traînent leurs savates devant l’église ou l’unique rue du bourg. Le village est très uniforme, avec souvent de très belles maisons de pierre où transpire le granite gris. Allez ! même si nous ne sommes pas friands de publicité, rendons hommage au beau gîte du Lô dans le village.

 

Gastronomie locale

 

Le fromage Laguiole, souvent appelé “Tome de Laguiole” a comme origine la ville de Laguiole, célèbre pour ses couteaux, une cité pas très éloignée de St Chély d’Aubrac. Le fromage fut créé à l’origine par les moines de la Dômerie d’Aubrac. C’est une AOC. Le fromage laisse sur le palais une sensation d’humidité. Il sent la noisette, avec un bouquet acide subtil et floral.

Le fromage est fabriqué dans 3 départements (Aveyron, Cantal, Lozère). C’est une pâte pressée, non cuite, préparée à partir de lait non pasteurisé de vaches Simmental et Aubrac, collecté entre mai et octobre. Le fromage est une meule de 40-50 kg. On peut le consommer frais. C’est la tome qui permet de préparer l’aligot. Mais généralement on le consomme plus mûr. La maturation peut durer au moins 6 mois, voire plus. Les vieux fromages ont plus d’une année de maturation.

Logements

 

 

 

N’hésitez pas à ajouter des commentaires. C’est souvent ainsi que l’on monte dans la hiérarchie de Google, et que de plus nombreux pèlerins auront accès au site.
Etape suivante : Etape 6: De Nasbinals à St Chély d’Aubrac
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